nommé auſſi horiſontal ou rectangle, eſt repréſenté dans la figure 305. M. Jean-Dominique Caſſini eſt le premier qui ait eu l’idée de cette conſtruction de baromètre ; mais M. Jean Bernoulli lui a donné ſon nom, parce qu’il l’a fait exécuter le premier avec ſuccès. Cet inſtrument eſt compoſé de deux tubes, ſoudés enſemble à équerre, c’eſt-à-dire à angle droit ; leur diamètre eſt fort inégal, car le diamètre du tube B, C, vertical, eſt beaucoup plus grand que celui du tube C, D, horiſontal. L’extrémité ſupérieure du premier tube eſt terminée par un renflement cylindrique A B. C’eſt dans le tube vertical qu’eſt contenue la colonne de mercure, dont la hauteur marque le poids de l’air. Le tube horiſontal, d’un diamètre très-étroit, reçoit l’excédent du mercure qui conſéquemment a un mouvement horiſontal, lorſque la colonne varie en hauteur dans le tube A, C. C’eſt ſur le côté du tube horiſontal qu’on place l’échelle de graduation.
[ L’intervalle ou l’eſpace de variation peut être auſſi étendu que l’on veut ; car plus le tuyau B, C, D ſera petit par rapport au vaſe A B, plus les variations du mercure dans le tuyau A B, feront varier le mercure qui eſt dans la partie C D ; & par conſéquent les plus petites variations ſeront très-ſenſibles. Le diamètre du tuyau C D étant donné, il ſera aiſé de trouver le diamètre du vaiſſeau A B, tel que les parties de l’échelle horiſontale dans le tuyau D C, correſpondantes aux parties de l’échelle du vaiſſeau A B, ſoient auſſi grandes qu’on voudra, & aient entre elles la même proportion que les parties de l’échelle dans le vaiſſeau A B, puiſque le diamètre du vaiſſeau eſt à celui du tuyau, en raiſon ſous doublée réciproque des parties de leurs échelles : de même les diamètres de C D & A B étant donnés, auſſi-bien que la hauteur du mercure dans le vaiſſeau, la hauteur du mercure dans le tuyau eſt trouvée par cette proportion ; comme le quarré du diamètre du vaiſſeau eſt au quarré du diamètre du tuyau, ainſi les parties de l’échelle du mercure dans le tuyau, ſont aux parties correſpondantes à l’échelle du mercure dans le vaiſſeau. La conſtruction de ce baromètre, de même que du baromètre d’Huyghens, eſt établie ſur un théorème d’hydroſtatique ; ſavoir, que les fluides qui ont la même baſe, pèſent en raiſon de leur hauteur perpendiculaire, & non pas de la quantité de leur matière : ainſi la même peſanteur de l’atmoſphère ſoutient le vif argent dont le tuyau A C D & le vaſe A B ſont remplis, comme elle auroit ſoutenu le mercure dans le ſeul tuyau A B C ( V. Hydrostatique].
Ce baromètre a pluſieurs avantages ; la variation du mercure n’y eſt point diminuée par le changement de hauteur de ſon niveau en bas, puiſque ce niveau reſte toujours le même, la branche qui le détermine étant horiſontale, l’augmentation de ſenſibilité eſt preſqu’illimitée, puiſqu’elle dépend du rapport entre les diamètres du tube horiſontal & celui du vaiſſeau A B ; les eſpaces parcourus en même-temps dans l’un & dans l’autre, étant en raiſon inverſe des quarrés de leurs diamètres, de ſorte qu’en donnant, par exemple, ligne de diamètre à la branche horiſontale, & 5 lignes au cylindre A B, le mercure fera 100 fois plus de variation dans la première que dans celle-ci.
Ce baromètre a pluſieurs défauts ; le mercure éprouve un frottement conſidérable dans le tube horiſontal C D. Pendant les grands abaiſſemens du mercure, il peut remonter de deux lignes dans les baromètres ordinaires, ſans qu’il faſſe aucun mouvement dans le baromètre à équerre ; mais ſi la variation augmente dans le baromètre ordinaire, il ſe fait alors dans le tuyau C D un très-grand mouvement, en ſorte que la marche de ce baromètre eſt beaucoup moins réglée que celle du baromètre ordinaire. De plus, l’air s’introduit quelquefois entre les particules du mercure dans le tuyau C D, & les écarte par conſéquent les unes des autres, lorſque le tuyau eſt trop large. Il y a encore une très-grande difficulté d’évaluer les effets que la chaleur opère ſur ce baromètre ; car non-ſeulement elle n’agit point ſur celui-ci comme ſur les autres, mais encore ses effets varient dans le même baromètre en divers temps, & ne ſont point les mêmes dans tous les baromètres de cette eſpèce.
Nouveau baromètre anglois à ſiphon. Ce baromètre a une figure qui a quelque rapport avec l’inſtrument de phyſique, nommé la chambre de Pascal (Voyez Pesanteur de l’air). Cet inſtrument eſt compoſé de deux tubes de verre parallèles entre eux, mais placés à différentes hauteurs & réunis par une double courbure, comme on le voit dans la figure 195. A B eſt un tube d’environ 8 à 9 lignes de diamètre, & de 30 pouces de longueur, bien calibré, fermé par le bout A & recourbé en B, en col de cygne : ce col de cygne, après s’être élevé de B en C, d’environ 5 à 6 pouces, se recourbe de nouveau, & le tube ſe prolonge enſuite d’une manière indéfinie dans la verticale C D. Ce ſecond tuyau C D peut être d’un diamètre moindre que celui du tube A B.
Cette conſtruction qui eſt bien ſimple étant ſupposée, on verſe du mercure dans le tube C D, de manière que ce fluide parvienne au col de cygne E F, où il reſtera en équilibre avec le poids de l’atmoſphère, comme dans les baromètres ordinaires ; conſéquemment la partie ſupérieure du tube A B reſtera vide, enſuite on remplit le reſte du tube C D avec de l’eau diſtillée & colorée. Ce tube étant ſupendu dans la verticale, on trace ſur la planche qui le ſoutient une ligne horiſontale E F G, qui paſſe par le point où l’eau & le mercure ſe réuniſſent dans le col de cygne. Alors ces