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ſorte que, par une dégradation ſucceſſive, il paſſa par tous les degrés de l’imbécillité, durant le cours de cinq mois, au terme deſquels un dépôt qu’il avoit dans le cœur étant venu tout à coup à crever, il ceſſa de vivre le 30 février 1787, à l’âge d’environ 76 ans, & termina une des plus brillantes carrières qu’il ſoit poſſible de fournir.

BOSSU, ſe diſoit anciennement de la partie éclairée de la lune qui paroît plus élevée que la partie obſcure, quand cet aſtre eſt avant & après ſon plein : luna gibboſa.

BOT

BOTAL. Trou botal. On donne ce nom au trou oval qui eſt entre les deux oreillettes du cœur. C’eſt Botal, médecin de Charles IX, qui l’a découvert. Voyez ce qui en a été dit à l’article Air ; air relativement à l’économie animale. N° XII.

BOU

BOUFFÉE. Eſpèce de ſecouſſe qu’on obſerve dans des jets de liqueurs, lorſque l’air y eſt engorgé.

BOUGEANT. Le P. Bougeant eſt un phyſicien eſtimable, à qui on doit l’Amuſement philoſophique ſur le langage des bêtes, & un recueil d’obſervations ſur la Phyſique. Nous ne parlons point ici de ſes ouvrages politiques"& théologiques. L’objet de ſon amuſement philoſophique étoit de prouver que les bêtes n’étoient pas des machines comme Deſcartes l’avoit ſoutenu ; qu’elles avoient de la connoiſſance, conſéquemment une ame ſpirituelle ; que ce principe, qui n’étoit aucunement matériel, ni d’une nature moyenne entre l’eſprit & le corps, n’étoit pas une ſubſtance ſpirituelle inférieure, quant à ſon intelligence, à celle de l’homme, mais qu’elle étoit au contraire d’un ordre ſupérieur ; que les corps des bêtes étoient animés par les démons, quelques-uns de ceux qui, moins coupables que les autres, n’étoient pas encore dévoués aux flammes vengereſſes.

Dans cette hypothèſe, il explique facilement comment les bêtes ont tant d’eſprit & d’intelligence ; ſans les organes groſſiers qui les enchaînent, elles en déploiroient bien davantage. Après la mort l’ame des bêtes paſſe d’un corps dans un autre, comme Pythagore le ſoutenoit pour l’ame des hommes ; c’eſt une autre ſorte de métempſicoſe.

Les bêtes ayant de la connoiſſance ne peuvent manquer d’avoir entre elles un langage, toujours néceſſaire pour ſe communiquer ce qui a rapport à leurs beſoins, c’eſt-à-dire, à leur conſervation. Les grandes ſociétés d’animaux, telles que celles des caſtors, l’exigent néceſſairement ; ſans cela nul accord, nul concert dans le travail : tous feroient le même ouvrage ; les petites ſociétés d’animaux, celles qui tendent à la reproduction de chaque eſpèce, ne ſauroient ſe conſerver ſans le langage. Comment, ſans une communication d’idées, conſtruire un nid, ou pourvoir aux beſoins journaliers de la petite famille ?… Leur langage eſt borné à l’objet de leur conſervation ; & pour l’entendre, il n’y a qu’à ſe placer dans les mêmes circonſtances où ſe trouvent les bêtes, ſoit par rapport à nous, ſoit relativement à elles ; elles diſent ce que leurs beſoins, leurs déſirs & la nature des choſes, & le concours des différentes circonſtances leur preſcrivent.

Le père Bougeant a répandu l’eſprit, l’agrément, la gaîté & tous les charmes poſſibles dans cette ingénieuſe & agréable bagatelle, dont nous conſeillons la lecture. On y verra que l’auteur étoit très-inſtruit en phyſique, & qu’il procède avec ordre & clarté dans cette diſcuſſion, ſur laquelle nous ne nous étendrons pas, parce qu’elle nous jetteroit dans des queſtions de métaphyſique.

On fit un crime au père Bougeant d’avoir fait un amuſement philoſophique ; on cria au ſcandale, à l’impiété, & on le força à ſe rétracter. Ce jéſuite étoit né à Quimper le 4 novembre 1690 ; il entra dans l’ordre en 1706 ; il profeſſa à Caen & à Nevers les humanités, vint enſuite au collége de Louis-le-Grand à Paris, & n’en ſortit que dans ſon court exil à la Flèche, occaſionné par l’ouvrage dont nous venons de parler ; il fut autant recherché par l’enjouement de ſon caractère que par ſes talens. Il mourut à Paris, le 7 janvier 1743.

BOUGIE PHILOSOPHIQUE. On donne en phyſique ce nom à la flamme du gaz inflammable allumé, qu’on fait ſortir par un ajutage en comprimant ſucceſſivement une veſſie pleine de ce gaz (gaz hydrogène de la nouvelle nomenclature). Si on met un peu d’éther dans la veſſie, où eſt le gaz inflammable tiré de l’acide vitriolique, la flamme dure plus long-temps, mais la couleur eſt un peu différente. La figure 171 montre l’appareil par le moyen duquel on produit l’expérience de la bougie philoſophique. V eſt la veſſie, R le robinet qu’on ouvre pour faire l’expérience, & qu’on referme enſuite quand on déſire de la ſuſpendre, & conſerver le gaz inflammable ; A eſt l’ajutage par l’orifice duquel ſort ce gaz lorſqu’on préſente une lumière ; ſi on y met une petite boule percée, une étincelle électrique qu’on en tireroit au conducteur de la machine électrique l’allumeroit.

Un autre appareil bien ſimple eſt celui d’un ajutage avec une boule armée d’un robinet & une veſſie comme dans la figure précédente.

On met dans la boule une éponge bien imbibée d’éther, & enſuite un peu d’éther dans la veſſie. Après on la remplit d’air de l’atmoſphère ou d’air même des poumons, & on fait l’expérience comme