& dégagent en paſſant à travers une maſſe d’eau ou d’un fluide quelconque. On connoît ces eſpèces de fontaines ou ſources d’eau auxquelles dans pluſieurs contrées on donne le nom de boulidons ; c’eſt le gaz fixe qui s’en dégage. Près de Vendres, à une lieue & demi de Beziers, eſt une fontaine de ce genre à laquelle on donne dans le pays le nom de fontaine bouillante. On y voit effectivement à la ſurface des eſpèces de bulles, qui continuellement ſe ſuccèdent en très-grand nombre. Cette eau eſt froide ou plutôt eſt toujours à la température de l’atmofphère, comme je m’en ſuis ſouvent aſſuré en y plongeant un thermomètre. À Perols, village éloigné de Montpellier d’une lieue & demi environ, on voit des bulles d’un fluide aériforme qui s’élèvent, traverſent la maſſe d’eau & viennent enſuite diſparoître à la ſuperficie. Ces bulles ſont des bulles de gaz fixe, comme je m’en ſuis aſſuré en recueillant de ce fluide aériforme, dans des bocaux, & faiſant enſuite les expériences uſitées. Or, dans ces deux endroits le bouillonnement eſt très-conſidérable & continuel ; & l’eau n’a aucun degré de chaleur au-deſſus de la température. Il faut donc dire qu’il y a dans cette eau un bouillonnement & non une ébullition, car celle-ci eſt toujours produite par un degré de chaleur ſupérieur à celui de la température.
L’eau dans le vide de la machine pneumatique bouillonne ; c’eſt qu’alors il y a un dégagement d’air, lequel n’étant plus preſſé par l’air de l’atmoſphère, l’air intérieur n’ayant point perdu ſon élaſticité, recouvre ſon expanſibilité & ſoulève l’eau pour venir crever à ſa ſurface. Ici, il y a encore bouillonnement, mais non pas une ébullition.
BOUSSOLE. Il est peu d’inſtrument plus utile & d’une plus grande importance que la bouſſole. Sa découverte a changé la face du monde politique ; l’homme a pu facilement ſur l’aîle des vents ſe diriger d’un pole à l’autre & faire le tour du globe de la terre, & rapporter en tribut à ſa patrie les productions les plus curieuſes & les plus intéreſſantes des trois règnes ; la navigation, le commerce, la botanique, la minéralogie, la zoologie, en un mot l’hiſtoire naturelle dans toute ſon étendue, l’aſtronomie, la phyſique, la chimie, la géographie, l’hiſtoire, la morale même, &c., toutes ces ſciences & celles qui leur ſont analogues, ont reçu des ſervices ſignalés de l’invention de la bouſſole.
Cet inſtrument conſiſte eſſentiellement dans une aiguille aimantée, placée ſous un cercle de carton dont la circonférence eſt diviſée en 360 degrés, & ſur la ſurface duquel on a marqué les 32 airs ou rhumbs de vent, comme on le voit dans la figure 172. Cette aiguille est miſe en équilibre ſur un pivot qui s’élève, du fond d’une boîte, & celle-ci eſt ſuſpendue à la manière de Cardan (Voy. Centre de gravité). De cette façon l’aiguille eſt toujours dans une poſition horiſontale, malgré les roulis, & le tangage des vaiſſeaux, & peut ſe diriger librement vers le nord, ce qui eſt abſolument néceſſaire aux navigateurs pour ſe conduire ſur un vaſte océan en tout temps & en tout lieu, même lorſque le ſoleil ne ſe montre pas le jour, ni les étoiles pendant la nuit. L’appareil complet d’une bouſſole ou compas de mer eſt repréſenté dans la figure 173. La boîte eſt ſuſpendue dans une caiſſe carrée : on en voit en D, D, les deux pinnules ; en B la boîte eſt ſéparée de la caiſſe, pour qu’on voie mieux ſa figure.
Cette matière étant très-importante, il eſt à propos de donner encore ici une courte deſcription d’une des meilleures bouſſoles, repréſentée d’après Muſſchenbroeck dans la figure 174. Par ſon ſecours on peut obſerver l’azimuth du ſoleil, moyen très-facile pour découvrir, par un calcul très-aiſé, la déclinaiſon de l’aiguille magnétique. La forme de cette aiguille eſt celle d’une lame plane dans preſque toute ſon étendue. Sa longueur eſt arbitraire ; ſa largeur eſt ſouvent d’un dixième de pouce, & ſon épaiſſeur eſt d’un vingt-quatrième de pouce. Les deux bouts ſont terminés par des angles très-obtus ; le milieu de cette aiguille eſt percé d’un trou pour recevoir une chape d’agathe. L’aiguille eſt miſe entre deux cartons circulaires, collés l’un ſur l’autre. Afin de diminuer un peu la fréquence & la grandeur des oſcillations d’une aiguille bien ſuſpendue, on adapte ſur la ſuperficie du carton inférieur des morceaux de carton auxquels on donne la forme de petites aîles étendues. Ces aîles étant obligées de diviſer l’air pour ſe mouvoir, & celui-ci oppoſant une certaine réſiſtance, l’aiguille en eſt moins mobile, & parvient plutôt à l’état de repos ; mais cela ne nuit aucunement à la liberté de la ſuſpension.
Ce carton ſur lequel on a tracé les airs des vents porte le nom de Roſe des vents ; c’eſt le même qu’on a vu dans la figure 172. Cette roſe, ainſi que le pivot ſur lequel elle roule, ſont placés dans une boîte de cuivre cylindrique H I K L, qui porte extérieurement deux pivots M, diamétralement oppoſés l’un à l’autre, au moyen deſquels elle eſt ſuſpendue, & elle ſe meut librement dans un anneau N M O. Cet anneau porte auſſi lui-même deux autres pivots D, E, éloignés chacun d’un quart de cercle des deux premiers dont on vient de parler. Par le moyen de ces deux derniers pivots D, E, l’anneau qui porte la boîte cylindrique, eſt mobile dans un demi cercle P R Q : à l’aide de ces deux mouvemens, la bouſſole demeure conſtamment parallèle à l’horiſon, malgré l’agitation du vaiſſeau. Le dernier anneau P R Q eſt percé en R d’un trou qui donne entrée à un cylindre, qui s’élève ſur le pied de la machine, & ſur lequel elle roule librement. Toute la ma-