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ou droits ou courbés en arc, ou en fer à cheval, &c. ; mais ils ſont uniques & formés par une ſeule lame d’acier. Le contact de fer qui réunit les deux pôles ne doit point être compté. La figure 395 repréſente un petit barreau droit aimanté. La figure 396 en fait voir un qui eſt courbé en fer à cheval avec ſon contact de fer doux. S’il y avoit pluſieurs lames ſuperpoſées, & toutes de la même figure, cet aimant ſeroit alors compoſé. Dans la figure 397, il y en a un qui eſt en arc de cercle.

La méthode la plus ancienne, la plus ſimple, mais la moins efficace de faire des aimans artificiels, conſiſte à prendre pluſieurs lames de fleuret égales, bien trempées, polies, chacune d’une ligne & demie d’épaiſſeur, de 5 à 6 lignes de largeur, & d’un pied ou 15 pouces de longueur : on peut augmenter ou diminuer ces dimenſions, cependant dans certaines limites, qui ne ſoient pas trop éloignées des proportions aſſignées. Enſuite on aimante chaque lame ſéparément ſur le pôle d’un bon aimant armé, comme dans la figure 392, obſervant de faire gliſſer chaque face d’un bout à l’autre, & dans le même ſens ſur un pied ou bouton de l’armure N, par exemple. Après on réunit toutes ces lames aimantées, en mettant du même côté toutes les extrémités qui forment des pôles de même nom, on leur applique l’armure Α B C D figure 398 ; on ſerre le tout par une ligature E E, un cintre O P P O, & des vis C, F, P, P : de ſorte que ces lames ſont ſerrées & retenues dans tous les ſens par les boutons C, D, par les vis P P, &c. L’épaiſſeur des jambes Α & B, & celle des boutons C & D doivent être d’autant plus grande, qu’il y a plus de lames réunies. Voyez Barreaux aimantés.

[On ſe contente quelquefois d’unir enſemble pluſieurs lames de fleuret aimantées chacune ſéparément, & auxquelles on conſerve toute leur longueur ; on les tient aſſujetties par des cercles de cuivre, en prenant garde que toutes leurs extrémités ſoient bien dans le même plan ; c’eſt ſur cette extrémité qu’on paſſe les lames d’acier & les aiguilles qu’on veut aimanter, & ces ſortes d’aimans artificiels ſont préférables à beaucoup d’aimans naturels. Ces aimans artificiels ſeront d’autant meilleurs, qu’ils ſeront conſtruits d’excellent acier bien trempé & bien poli, qu’ils auront été paſſés ſur le pôle d’un aimant naturel ou artificiel bien vigoureux, qu’ils auront plus de longueur, enfin qu’ils ſeront raſſemblés en plus grand nombre.]

On peut faire des aimans artificiels, 1o. en employant des aimans naturels ou des aimans artificiels. 2o. Sans ſe ſervir d’aucun aimant, de quelque genre qu’il ſoit. Les différentes méthodes qui ont été imaginées juſqu’à ce jour, ſont bien plus efficaces que celles qui étoient anciennement connues, c’eſt pourquoi nous les expoſerons ici avec quelqu’étendue, cette partie étant une des plus importantes de la phyſique expérimentale.

1o. Méthodes de faire des aimans artificiels, en employant d’autres aimans ſoit naturels, ſoit artificiels, méthode de M. Knight. C’eſt aux expériences de M. Knight qu’on doit l’attention particulière qu’on a apportée, vers le milieu de ce ſiècle, aux aimans artificiels : depuis l’époque où il fit connoître les puiſſans effets de ſes aimans, pluſieurs phyſiciens, cherchant à deviner ſa méthode dont il faiſoit un myſtère, en trouvèrent pluſieurs autres auſſi efficaces. Comme ces différentes recherches ont fait faire de grands progrès à la ſcience, par les nombreuſes expériences dont elles ont été l’occaſion, il eſt à-propos de dire quelques mots ſur l’hiſtorique de cet objet.

On cherchoit depuis long-temps le moyen de perfectionner la bouſſole ; & comme le premier objet de ceux qui travailloient à la perfection de cet inſtrument, étoit d’augmenter la force directrice de l’aiguille, qui la porte à ſe tourner vers le nord, on vit avec plaiſir qu’on avoit trouvé une nouvelle méthode de communiquer à l’acier une force ſupérieure à celle qu’on avoit pu lui donner juſqu’alors, avec le ſecours des meilleures pierres d’aimant. On penſa que pouvant par ce moyen doubler, tripler, quadrupler cette impreſſion dans une aiguille, on pourroit proportionnellement en augmenter la direction.

Les premiers témoins de la vertu prodigieuſe des barres magnétiques, furent M. Folkes, préſident de la ſociété royale de Londres, & M. Villams Jones, de la même ſociété, à laquelle ils firent part de cette découverte. Sur les inſtances de cette compagnie, M. Knight qui en étoit membre, répéta, en pleine aſſemblée, ſes expériences. Voici l’idée qu’en donne l’extrait de l’acte de la ſociété de Londres, du 19 février 1746.

M. Knight tira d’un étui deux barres longues de 15 pouces : elles y étoient ſituées parallèlement, ayant entr’elles une règle de bois à-peu-près égale aux barres, qui les ſéparoit l’une de l’autre. Leur ſituation reſpective étoit telle que le pôle du nord de l’une étoit du même côté que le pôle du ſud de l’autre, & deux pièces de fer mol terminoient leurs extrémités ſelon la diſpoſition repréſentée dans la figure 399. SN, NS ſont deux barres magnétiques d’un acier très-poli, & trempé de tout ſon dur. N, N ſont les pôles du nord. S, S ſont les pôles du ſud de ces barreaux. C & C ſont des pièces de fer poli & doux qui les réuniſſent & y reſtent fortement adhérentes par la ſimple attraction. B eſt une règle de bois qui ſépare les deux barreaux & qui empêche leur contact latéral. Les flèches déſignent la circulation du fluide magnétique.

Les deux barreaux étant coulés doucement de l’étui ſur la table, dans la poſition que l’on vient de rapporter, M. Knight fit gliſſer un des deux morceaux de fer, ouvrant les deux barres comme un compas, il les mit en ligne directe, de façon qu’adhérant fortement enſemble par l’attraction, le pôle du nord de l’une ſe trouvoit en contact avec le pôle du ſud de l’autre. M. Knight prit