plus beau & le plus estimé des peintres est le lapis-lazuli.
Il est rare de rencontrer cette substance à l’état de pureté ; cependant Clément & Desormes l’ont trouvée cistallisée, & Lermina a déterminé la forme de ses cristaux. Le lapis contient beaucoup de terre étrangère ; souvent même elle y est disséminée : on la sépare, & alors on lui donne le nom d’outremer.
Alexis Pedemontanus a décrit le premier le mode de séparation que l’on peut employer. On fait rougir la pièce & on la projette dans l’alcool, ce que l’on répète à plusieurs fois ; on la porphyrise ensuite en poudre impalpable, en l’humectant toujours d’alcool, on lave la poudre, & on la fait sécher.
La poudre sèche est fondue dans un vase vernissé, avec un mélange de poix, de cire & d’huile de lin ; la poudre se projette peu à peu dans le mastic fondu, que l’on remue bien : refroidie, on la met dans l’eau tiède, & on la broie sous un rouleau. L’eau devient trouble ; on la décante & on y verse d’autre eau, qui commence bientôt à prendre une belle couleur bleue. On continue à laver jusqu’à ce que l’eau prenne une couleur sale ; alors on laisse déposer la matière bleue que l’eau tient en suspension. Le meilleur lapis ne produit pas plus de 0,02 à 0,03 de bel outremer.
Sa pesanteur spécifique est de 2,37. Il perd sa couleur par la fusion : on en obtient un verre blanc lorsqu’il est entièrement purifié de son mastic, & un verre noir lorsqu’il en contient encore.
Guyton croit[1] que le principe colorant de l’azur est un sulfure de fer bleu ; il fonde son opinion, 1o. sur ce que Klaproth a trouvé de l’acide sulfurique dans l’analyse qu’il a faite du lapis-lazuli ; 2o. sur ce qu’un sulfate de chaux de Montolier, coloré en rouge par l’oxide de fer, a donné, après la calcination, un bleu qui jouissoit de toute la ptopriété de l’outremer ; 3o. sur ce que les sulfates de fer préparés directement, donnent des résultats analogues à ceux que l’on retire du gypse de Montolier.
Cependant l’analyse de l’outremer, faite par Clément & Desormes, n’ayant donné que
Silice 35,8
Alumine 34,8
Soude 23,2
Soufre 3,1
Carbonate de chaux 3,1
100
& n’ayant laissé entrevoir aucune trace de fer,
tout fait croire que ce métal n’est pas coloré par le
fer.
Vauquelin vient de trouver, dans la sole d’un des fourneaux de soude de la manufacture des glaces de Saint-Gobain[2], une matière analogue à l’outremer : elle est décolorée par les acides minéraux avec dégagement de gaz hydrogène sulfuré ; elle n’est point attaquée par les lessives alcalines bouillantes ; la chaleur rouge ne la détruit point, à moins qu’elle ne soit élevée à un haut degré.
Cependant la base sur laquelle repose cette couleur , n’est pas essentiellement la même que celle du lapis-lazuli : elle contient une grande quantité de fable à l’état de mélange ; mais elle renferme, comme cette pierre , du sulfate de chaux, de la silice Sc de l’alumine combinées à l’alcali, du fer Sc de l’hydrogène sulfuré : léser, comme on l’a vu, n’est pas essentiel à la composition de l’outremer.
Quelque belle que fût la couleur de l’outremer, les peintres étoient obligés de s’en priver, à cause du haut prix qu’elle avoit dans le commerce : il vaut 200 fr.Fonce. Thenard vient de découvrir(2) un bleu aussibeau, que l’on peut livrer aux peintres auprixde20à30fr. lalivre. Cebleu est un phosphate ou un arseniate de cobalt calciné avec de l’alumine. Les proportions les plus favorables sont de 1 à 1 parties d’alumine fur une d’arseniate de cobalt, 8c de 3 à 6 parties d’alumine fur 2 de phosphate de cobalt.
Pour faire l’arseniate de cobalt, on dissout le sulfure d’arsenic, on évapore pour dégager l’excès d’acide nitrique, on étend d’eaù ; on ajoute peu à^peu de la dissolution foible- de potasse, afin d’en séparer tout l’arseniate de fer sous la formé de flocon blanc ; filtrant alors, 8c ajoutant de la potasse étendue d’eau, on obtient un beau précipité rose d’arseniate de cobalt. Dans la préparation du phosphate de cobalt, on grille la mine , puis on l’extrait par l’acide nitrique qui oxide le fer en rouge 8c ne le dissout pas : on filtre 8c on rappoche la liqueur pour vaporiser l’acide surabondant ; on étend d’eau, 8c Fon verse dans la dissolution du phosphate de soude ; le phosphate de cobalt se dépose sous forme de flocon violet.
Enfin, on donne le nom d’azur à un verre pulvérisé 8c coloré en bleu par l’oxide de cobalt. Après avoir trié le minerai, on le grille dans un fourneau de réverbère, puis on le crible, on le pulvérise 8c on le fond avec du sable siliceux pur Sc de la potasse. La proportion dépend de celle du cobalt dans le minerai. On vitrifie ces substances dans des creusets placés dans un fourneau de verrerie. Lé verre obtenu , 8cencore liquide, se jette dans l’eau pour l’étònner, le pulvériser ; alors on le broie entre deux meules, 8c l’on jette la matière dans l’eau, afin d’en séparer la poudre à des degrés de finessedifférens, d’après le temps qu’elle reste suspendue dans le liquide. (1)AnnalesdeChimie,iom. XXXIV, pag. 54-Dia. de Phyf. Tome II.
(i) Annalesde Chimie,tom. LXXXIX,pag. 88. (2)JournaldesMines, corn.XV ?pag. 128. ’
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