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ABU 97

1° Le nom abstrait est celui qui n’exprime ni des individus ni des choses entières, mais des qualités, des manières d’être ou d’agir que l’on considère indépendamment des êtres en qui elles se trouvent, ou qui en sont l’objet : tels sont ces mots, amitié, crainte, vertu, sagesse, etc.

Dans ce sens, nom abstrait est opposé à nom propre et à nom commun ou appellatif.

2° Le verbe abstrait est celui qui n’exprime que l’idée d’existence sans déterminer la manière dont un être existe. Le verbe être est le seul qui porte ce caractère : tous les autres verbes expriment l’idée de quelque attribut mêlée à celle d’existence, et par conséquent sont concrets : j’aime est pour je suis aimant ; on les nomme, par opposition au verbe abstrait, verbes concrets ou attributifs. B. . . t.

ABUS. (Politique.) L’abus est le mauvais usage que l’on fait d’une chose d’ailleurs bonne, vraie ou utile. Les peuples ont souvent dû leur bonheur à la religion, à la royauté, à la liberté, à la noblesse même ; souvent aussi les abus de ces choses ont produit le fanatisme, la tyrannie, la licence populaire, et l’oppression féodale.

Les peuples ont souvent dû leur bonheur à la religion, à la royauté, à la liberté, à la noblesse même ; souvent aussi les abus de ces choses ont produit le fanatisme, la tyrannie, la licence populaire, et l’oppression féodale.

La conservation des institutions humaines, sages dans leur origine, ne put être confiée qu’à des hommes sujets comme tous les autres aux passions, aux erreurs, et dont l’intérêt privé ne fut pas toujours d’accord avec l’intérêt général. De là, l’abus de la force ; dans l’ordre social, l’abus de tout ce que le genre humain avait fondé pour assurer sa conservation et son bonheur.

Un gouvernement imposé aux hommes au nom des dieux dut leur paraître sublime. Ils s’inclinèrent avec respect devant l’interprète de cette puissance invisible qui gouverne l’univers. Le druide inspiré les trouva dévoués et dociles. Prêtre, son pouvoir était grand ; homme, son ambition n’était point satisfaite. Il appela à son secours la superstition et le fanatisme ; on le prit lui-même pour un dieu. Pour persuader les hommes, il ne pouvait créer la vie, mais il pouvait donner la mort ; et, mêlées à de vils ani-