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ABY 107

Ces faits semblent indiquer que l’Abyssinie, peuplée d’abord d’habitants indigènes, en reçut ensuite qui lui vinrent de l’Arabie. La chronique des rois d’Axum commence comme celle de la plupart des peuples, par des fables. A une époque difficile à déterminer, une tribu d’Arabes Couchites, dont il est question dans les livres des Hébreux, s’établit dans les parties septentrionales et maritimes de l’Abyssinie. Les rois de ce pays font remonter leur origine à Menilehek, fils de Salomon et de la reine de Saba : il portait aussi le nom de David. Ses descendants régnèrent sans interruption jusqu’en 960 de J.-C. Cette période fut la plus brillante de l’Abyssinie ; ses rois avaient porté leurs conquêtes jusque dans une partie de l’Arabie. Axum leur capitale était une ville magnifique et faisait un commerce très étendu. Ils reçurent des ambassadeurs des empereurs de Constantinople ; leur puissance dans la mer Rouge les faisait respecter de tous les peuples voisins ; ils sont nommés plusieurs fois par les écrivains grecs et rrabes, dont les récits sont en général très conformes, quoique la différence d’orthographe, des noms et divers passages obscurs aient jusqu’à présent causé de grandes difficultés lorsqu’on a voulu les concilier.

Cette splendeur s’éclipsa. En 925, Gudit, femme juive, fille des souverains de cette nation, qui occupaient un canton de l’Abyssinie, réussit, par ses intrigues, à se faire un parti puissant dans la province dont son mari était gouverneur. Profitant de la mort du roi décédé après un règne très court, et de la désolation qu’une maladie contagieuse avait répandue dans l’empire, elle surprit la montagne de Damot, fit massacrer tous les princes de la famille royale qui, d’après l’usage, y étaient détenus, détruisit Axum, et transféra le siège du gouvernement dans le Carta. En langue amharique Gudit est nommée Assaut (le feu.) Une nouvelle dynastie monta sur le trône : elle professait le judaïsme ; au bout de cinq générations elle s’éteignit ; celle qui lui succéda embrassa le christia-