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2 A

Ducange, dans son glossaire, explique au commencement de chaque lettre sa valeur en nombre. On la trouve aussi dans Calepin et dans Valérius Probus, qui fait partie du recueil des Grammatici veteres de Pulschius, et des Autores latini de Godefroi, in-4o.

Les Grecs regardaient la lettre A comme de mauvais augure dans les sacrifices, et les prêtres commençaient par elle les imprécations qu’ils faisaient au nom des dieux : ce qui vient sans doute de ce qu’elle est l’initiale du mot grec άρά, execratio.

C’est ainsi que chez les Romains A était un signe d’absolution, parce que cette lettre est l’initiale d'absolvo, j’absous. Lorsqu’on devait prononcer sur une cause ou sur un crime, on distribuait à chaque opinant trois tessères ou bulletins, sur l’une desquelles était gravé un A, absolvo, j’absous ; sur l’autre un C, candemno, je condamne ; et sur la troisième une N suivie d’une L, non liquet, le fait n’est pas clair. C’est à cet usage que Cicéron fait allusion lorsqu’il appelle l’A littera salutaris, la lettre qui sauve.

A servait encore à rejeter une loi proposée dans les comices. Ceux qui s’opposaient à la nouvelle loi se servaient d’une tessère marquée d’un A, qui signifiait antiquo, je tiens, je vote pour l’ancienne loi, je refuse ; ou antiqua sequor, nova non placent, je tiens à l’ancienne loi, et je rejette la nouvelle. Les acceptants donnaient une tessère, sur laquelle on lisait V. R., uti rogas, comme vous le demandez.

A, dans le calendrier Julien, est la première des sept lettres dominicales ; c’était chez les Romains la première des lettres nundinales.

On prétend que cette lettre était chez les Égyptiens un hiéroglyphe qui représentait l’ibis ; mais tout ce qu’on a dit à ce sujet, tant pour cette lettre que pour la lettre R, est de pure imagination. Une lettre alphabétique étant la figure d’un son ou d’un mot, et un hiéroglyphe celle d’une personne ou d’une chose sacrée, comme l’indique ce mot