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ENCYCLOPEDIE

MODERNE,

OU

DICTIONNAIRE ABREGE

DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS.
M

MADÈRE. (Géographie et Histoire.) Madeira. Ile de l’océan Atlantique près de la côte occidentale de l’Afrique, par 12° 37’ de longitude ouest, et 32° 45’ de latitude nord. Elle s’étend en forme de triangle, et a une longueur de vingt-deux lieues sur une largeur de huit à neuf. Sa population est de 94,000 habitants.

Madère a été découverte en 1344 par un Anglais. En 1418 elle fut revue par les Portugais Zario et Texeira. En 1431 Jean Gonzalez et Tristan Vaz, également Portugais, y abordèrent. La surface de l’île n’était alors qu’une immense forêt, élevée, touffue ; inextricable, qui a valu à cette terre le nom qu’elle porte : Madeira signifie pays boisé. Les navigateurs, bivouaquant sous les arbres et se sentant froid, allumèrent du feu pour se chauffer ; le feu gagna les arbres, la forêt tout entière s’embrasa, et pendant sept années, dit-on, ce gigantesque incendie servit de fanal aux vaisseaux qui passaient dans ces parages. Les cendres de ce feu contribuèrent sans doute à fertiliser cette terre, propre à toute culture et surtout à celle de la vigne. En 1445 on y apporta de l’Ile de Chypre des ceps, qui y prospèrent, y acquirent de nouvelles qualités, et procurèrent bientôt à Madère, devenue célèbre par ses vins, une source de richesses considérable. En 1801 les Anglais s’emparèrent de l’Ile de Madère, et ils la gardèrent jusqu’en 1814. A cette époque elle retourna aux Portugais. On y compte aujourd’hui environ 100,000 habitants. Elle forme, avec quelques îles plus petites, qui en dépendent, un des cinq gouvernements dans lesquels sont divisées les vastes possessions du Portugal en Afrique.

Madère est un volcan éteint, et partout on y retrouve des traces d’anciennes éruptions. De toutes parts sur les côtes ce sont de hautes falaises et des escarpements formidables de laves, qui donnent à l’île, vue du pont du vaisseau qui s’en approche, l’aspect le plus pittoresque et le plus majestueux. Une végétation vigoureuse, une verdure éternelle couvrent les hauteurs, qui s’étagent du bord de l’eau au centre de l’Ile, et y atteignent une élévation que les savants n’ont constatée sur aucun autre point du globe. Les richesses végétales de tous les climats, de toutes les latitudes se trouvent réunies sur cette terre privilégiée, depuis la fraise jusqu’aux bananes, depuis la vigne, qui couvre la base, jusqu’aux myrtes, aux fougères et aux lauriers, qui couronnent les sommets. Le printemps perpétuel, qui mêle sans cesse les fruits aux fleurs, y est lavorisé par un magnifique climat, dont l’extrême salubrité présente des chances de guérison aux phthisies les plus dangereusement caractérisées.

« Une chaine de montagnes, qui n’est, à vrai dire, que le noyau de l’île elle-même, la parcourt dans route sa longueur, et en détermine la direction. Elle est généralement moins élevée vers ses deux extrémités que dans sa partie moyenne. Là elle se dédouble, si l’on peut employer cette expression, pour enceindre un plateau creusé de profondes vallées, qui forme le centre ou massif. C’est sur le rempart nord de cette haute région que sont rangées les sommités culminantes de Madère : le Pic Ruivo, le plus élevé de tous, qui atteint 1900 mètres an-dessus du niveau de l’0céan ; le pic des Torrinhas ; ceux do Cidras et do Arriem. La portion de la chaine qui couvre la partie septentrionale de l’Ile prend le nom de Poul da Serra. La partie orientale n’a pas de nom particulier ; elle se détache du