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fond, gouffre profond, et est une variante de ἄβυσσος sans fond, abîme[1]. On en attribuait la fondation aux Milésiens, sous Gygès, roi de Lydie et de toute la Troade. Elle a fait frapper des médailles impériales grecques en l’honneur d’Auguste, de Marc-Aurèle, de Vérus, de Commode, de Sévère, de Caracalla, de Mammée. Sur l’autre rive de l’Hellespont, en Europe, et à l’opposite, était la ville de Sestos, patrie de Héro, amante de Léandre. Il y avait une ville en Égypte nommée aussi Abydos : elle est célèbre par l’oracle dû dieu Béza, par le temple et le tombeau d’Osiris, et par le palais superbe du roi Memnon, qui en avait fait sa résidence ; c’était la plus grande après Thèbes. E. J.

ABYSSINIE. (Géographie.) Grand pays de l’Afrique orientale au sud de la Nubie. Les limites qui le séparent de cette contrée de celle des Gallas au sud et au sud-ouest, et du royaume d’Adel au sud-est, varient suivant le sort incertain des armes. Si l’on y comprend les côtes de la mer Rouge à l’est de l’Abyssinie, qui autrefois dépendaient immédiatement de ce royaume, et les provinces occupées par les Gallas, il peut avoir 200 lieues de longueur du 15° au 7° degré de latitude nord, sur 250 lieues de largeur du 32° au 42° degré de longitude est de Paris. L’Abyssinie forme un plateau doucement incliné au nord-ouest, avec deux grands escarpements, l’un à l’est vers la mer Rouge, l’autre au sud vers l’intérieur de l’Afrique. Les plus hautes cimes sont le Lamalmon, l’Amba-Gédéon, le Samen, le Naméra ; ce n’est que sur ces deux dernières que l’on voit la neige rester un certain temps.

Un grand nombre de rivières considérables arrosent ce pays ; la plus célèbre est le Bahr-el-Azreck ou Nil d’Abyssinie, l’Astapus des anciens, qui traverse le lac de Dembea. Ce sont les sources de cette rivière que Bruce a prises pour celles du Nil d’Egypte : elles avaient été découvertes avant lui, en 1618, par le P. Paëz, missionnaire portugais.

L’élévation du sol, l’abondance des pluies pendant certaines saisons, les nombreux courants d’eau, rendent le climat des parties hautes de l’Abyssinie plus tempéré que sa position géographique ne le ferait croire ; mais dans les plaines et les vallées basses, les chaleurs sont étouffantes à l’intérieur du pays. La saison des pluies, qui commence en juin, dure jusqu’en septembre ; elles sont fréquemment accompagnées d’orages affreux, et si abondantes qu’elles font suspendre tous les travaux.et même cesser les opérations militaires. Les mois les plus sereins sont ceux de décembre et de janvier. Sur les bords de la mer Rouge, à l’est des montagnes, la saison des pluies commence lorsqu’elle a pris fin dans l’intérieur.

Les voyageurs qui ont visité cette contrée montagneuse ne parlent pas des mines qu’elle doit renfermer ; quelques relations disent néanmoins qu’il s’y en trouve de fer, de cuivre et de plomb ; probablement leur exploitation est très imparfaite. On retire de l’or extrêmement pur du lavage des sables et graviers de quel-

  1. C’est sans doute parce qu’elle était dans un fond, et comme dans un cloaque, que ses habitants avaient la réputation d’être mous et efféminés, et qu’on disait proverbialement : N’abordez pas sans précaution à Abydos.