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des nègres. Les Énaréens, qui habitent dans le sud-ouest, ont le teint le plus clair ; les Ghihos, qui virent sur les côtes de la mer Rouge, sont les plus noirs ; les Hazortas, leurs voisins, sont cuivrés.

Au milieu de l’Abyssinie vivent des peuples barbares presque semblables aux nègres ; ils demeurent dans les cavernes et dans les bois. Ce sont les Agôs, les Founghîs, les Gougas, les Gafates et les Gallas, qui occupent actuellement plusieurs provinces de ce pays. Les Falasjas sont une tribu juive qui formait autrefois un état à peu près indépendant.

Les Abyssins s’appellent eux-mêmes dans leurs livres Itiopiavans ou Éthiopiens ; ils se désignent aussi par le nom de leurs provinces, par exemple Amharéens, Tigréens, etc., ou bien se donnent celui de Cachtams, c’est-à-dire chrétiens : c’est un titre dont ils sont très fiers. Le nom de leur pays est Manghesta Itiopia (royaume d’Ethiopie), ou, en ghéez, Ag-azi Ag-azian (pays des hommes libres). Les Grecs les ont nommés Axumites, d’après la ville d’Axum, dans la province de Tigré ; c’est l’ancienne métropole. On les a même appelés Indiens.

La langue ghéez, qui se parle dans le Tigré, et dans laquelle les livres abyssins sont écrits, est regardée comme un idiome dérivé de l’arabe. Son alphabet a de la ressemblançe avec celui des Coptes ; il n’est plus en usage que comme langue classique. Le ghéez est difficile à prononcer, mais moins encore que la langue amharique, usitée à la cour depuis le quatorzième siècle, et parlée dans la plupart des provinces. Ces deux langues ont surtout sept consonnes dont un organe européen


ne saurait rendre la rudesse. L’amharique offre aussi beaucoup de racines arabiques ; mais, on reconnaît dans sa syntaxe des traces d’une origine particulière ; il n’a pas cette variété de formes grammaticales qui est un des caractères des langues asiatiques. Enfin les Gallas et d’autres peuples ont des dialectes et même des idiomes particuliers.

Ces faits semblent indiquer que l’Abyssinie, peuplée d’abord d’habitants indigènes, en reçut ensuite qui lui vinrent de l’Arabie. La chronique des rois d’Axum commence comme celle de la plupart des peuples, par des fables. A une époque difficile à déterminer, une tribu d’Arabes Couchites, dont il est question dans les livres des Hébreux, s’établit dans les parties septentrionales et maritimes de l’Abyssinie. Les rois de ce pays font remonter leur origine à Menilehek, fils de Salomon et de la reine de Saba : il portait aussi le nom de David. Ses descendants régnèrent sans interruption jusqu’en 960 de J.-C. Cette période fut la plus brillante de l’Abyssinie ; ses rois avaient porté leurs conquêtes jusque dans une partie de l’Arabie. Axum leur capitale était une ville magnifique et faisait un commerce très étendu. Ils reçurent des ambassadeurs des empereurs de Constantinople ; leur puissance dans la mer Rouge les faisait respecter de tous les peuples voisins ; ils sont nommés plusieurs fois par les écrivains grecs et rrabes, dont les récits sont en général très conformes, quoique la différence d’orthographe, des noms et divers passages obscurs aient jusqu’à présent causé de grandes difficultés lorsqu’on a voulu les concilier.


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