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s’en sert économiquement pour celles des maisons rurales.

Le mélèze, les pins, le sapin & l’épicia sont excellens pour les charpentes, parce qu’ils réunissent la légèreté à la solidité ; mais comme ces arbres ne croissent que dans les montagnes, là, seulement, on peut les consacrer économiquement à cet usage.

La construction des charpentes pour les maisons des villes, objet très-étendu & d’une grande importance, regarde le Dictionnaire d’Architecture ; ainsi je n’en parlerai pas ici ; mais je ne puis me refuser à dire un mot des perfectionnemens apportés, dans cette construction, par M. Menjot d’Elbenne, perfectionnemens tels qu’on n’y emploie que des bûches, & qu’au lieu de pousser les murs en dehors, elles assurent leur aplomb.

Les combles de M. d’Elbenne sont des pleins ceintres, formés par des demi-polygones d’autant de côtés que les bûches employées sont longues. Toutes ces bûches sont assemblées les unes aux autres, sans même être équarries, par des mortaises percées de deux trous propres à recevoir des chevilles. Ils sont extrêmement légers, extrêmement peu coûteux, & donnent des greniers très-vastes & très-commodes. Ce sont ceux qu’on devroit exécuter partout où la crainte de la charge de la neige n’oblige pas à donner beaucoup d’obliquité aux toits.

Les toits à la Philibert-Delorme, ainsi que ceux à la Mansard, ont été des acheminemens à ceux de M. Menjot d’Elbenne.

L’emploi des moyens employés par M. Menjot d’Elbenne s’applique aux granges, encore plus qu’aux maisons d’habitations ; car il est telle partie de la France où on ne peut absolument plus, faute de bois de charpente ordinaire, ou à raison de son haut prix, les rebâtir sur le modèle des anciennes. On dit qu’il y en a eu plusieurs de construites d’après les principes de cet ingénieur, mais je ne les ai pas encore vues.

La charpente des planchers, qu’on croyoit autrefois ne pouvoir être formée que par des poutres d’un fort échantillon & de toute la longueur des bâtimens, est actuellement composée par des assemblages de trois madriers, ou même de trois planches, de longueur généralement médiocre, & dont les bouts ne sont jamais en concordance de position, lesquels assemblages sont liés par des boulons de fer à vis à écrous.

On trouve également dans la construction de ces poutres artificielles, économie, légèreté & durée. Je dis durée, parce que lorsqu’une poutre est cariée ou affoiblie par la Vermoulure, il faut la renouveler en entier, tandis que si un des trois madriers, ou des trois planches, est dans le même cas, on la remplace facilement sans déranger l’ensemble.

Il est de principe, dans l’art de la charpente, d’employer rarement le fer pour moyen de liaison ou de force ; mais quoiqu’on doive le reconnoître en thèse générale, il est absurde de ne pas s’en écarter toutes les fois que cela devient utile : souvent un morceau de tôle assure mieux l’assemblage & la conservation d’une pièce de charpente qu’une demi-douzaine de chevilles.

CHASCOLYTRE. Chascolytrum. Genre de graminées établi par Desvaux, pour placer les Brizes droite & Aristée.

CHASSE. Comme il y a un Dictionnaire des Chasses qui fait partie de l’Encyclopédie méthodique, je n’ai à examiner, ici, que la question de savoir jusqu’à quel point il est convenable qu’un cultivateur se livre à celles qui sont à sa portée. Tout ce qu’on ne fait pas avec suite est toujours plus mal exécuté que ce qu’on fait sans distraction. L’agriculture, qui exige tant de connoissances, tant de reflexions, tant d’opérations, doit, plus qu’aucun autre art, souffrir des distractions trop renouvelées. Ainsi le goût de la chasse ne peut être regardé que comme très-nuisible dans un agriculteur ; mais quand ce goût est foible, quand il se borne à porter un fusil & à se faire accompagner d’un chien couchant lorsqu’on parcourt ses terres, il seroit trop rigoureux de le blâmer. D’ailleurs, un cultivateur ne peut se dispenser d’apprendre à faire usage du fusil, puisqu’il peut être souvent dans le cas de désirer détruire, par son moyen, les loups, les renards, les fouines, les martes qui mangent ses bestiaux, les chiens enragés qui peuvent le mordre, faire peur aux malfaiteurs qui se présenteroient chez lui, &c.

C’est donc du goût de la chasse, en grande réunion, aux chiens courans, à cheval, enfin de toutes les chasses dispendieuses dont je voudrois, dans leur intérêt, comme dans celui de l’agriculture, voir les cultivateurs s’éloigner.

CHATAIGNIER. Castanea. Genre de plantes de la monœcie polyandrie & de la famille des amentacées, que la plupart des botanistes réunissent à celui du Hêtre, mais qui offre des caractères suffisans pour être conservé. Il renferme trois espèces, dont l’une est propre aux parties moyennes des montagnes élevées de la France, de l’Espagne, de l’Italie, de la Grèce, & est d’un grand intérêt pour son fruit excellent & abondant, & pour son bois très-solide & très-flexible. Les deux autres sont originaires des parties chaudes de l’Amerique septentrionale, & se cultivent dans nos écoles de botanique.

Le châtaignier commun (castanea vesca, Linn.) pousse tard au printemps, parce qu’il craint infiniment les gelées de cette saison, mais il parcourt avec une grande rapidité toutes les phases de sa végétation ; de sorte qu’il est rare que ses fruits ne soient pas murs lorsque les premières gelées arrêtent sa végétation, & c’est cette circonstance qui le rend l’arbre des hautes montagnes des pays