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lorsqu’ils sont écartés sur un défaut ou sur un retour, ou pour les faire requêter & reprendre les voyes. Le forhu n’est gueres d’usage que dans les meutes des seigneurs, où les chiens ne chassent pas aussi souvent que dans la venerie du roi: au reste rien n’est plus plaisant que de voir les chiens autour du forhu tous la tête levée & attentifs au mouvement de la fourche, sauter jusque sur les épaules du valet de chiens qui la promene & se jetter ensuite sur le forhu, qui disparoît en un instant. La curée finie, on sonne la retraite, & on fait rentrer les chiens dans le chenil en les comptant à mesure qu’ils rentrent, pour s’assurer qu’il n’en manque point, & faire chercher ceux qui peuvent manquer; le jour suivant on laisse reposer les chiens jusqu’à huit ou neuf heures du matin, & on ne leur laisse point manquer d’eau; si même ils ont laissé de la mouée on la porte dans le chenil, & ils la mangent toute la nuit.

Le lendemain sur les neuf ou dix heures du matin, après les avoir bien nettoyés, on les mene à l’ébat, c’est-à-dire, promener, une heure après on leur présente du pain: mais la plûpart n’en veulent point, parce qu’ils sont encore pleins de curée.

Comme le service des chiens dépend entierement de leur santé, tout roule sur les valets qui en ont soin: on ne peut donc trop leur recommander de tenir leurs chiens proprement, & de les changer souvent de paille; car plus les chiens sont nettoyés & tenus propres, moins ils sont sujets à la galle, aux dartres & autres maladies. Il faut, au retour de la chasse, leur regarder toujours aux jambes, afin de voir s’ils n’ont point d’épines, & s’ils n’ont point les piés dessolés ou échauffés par la secheresse; car cela leur arrive souvent, particulierement dans l’hiver quand ils ont courru dans les neiges.

Bas de la Planche.

Fig. 1. Piés d’un cerf dix cors. A B, ergots du pié de devant qui est le plus grand. a b, ergots du pié de derriere qui est emboîté dans celui de devant.

2. Pié d’un vieux cerf.

3. Autre pié de vieux cerf.

4. Pié d’un jeune chevreuil.

5. Pié d’un chevreuil dix cors.

6. Autre pié de chevreuil.

7.
8.

Piés d’une chevrette.

9. Pié d’un faon.

Comment on connoît par le pié le cerf dix cors, fig. 1. Planche III.

Le cerf dix cors a le pié de devant plus gros encore que le cerf de dix cors jeunement, & a moins de pié de derriere; il a les pinces plus grosses; la solle du pié plus grande & plus large, les côtés des piés plus gros & plus usés; le talon large & usé à l’uni du pié, le pié plein; il doit avoir les éponges retirées ou retrecies, la jambe large, les os gros & usés; il est bas jointé, a les allures grandes, les voies bien tournées, & en marchant il tire du bout de ses pinces la terre en arriere, ce que ne font pas les jeunes cerfs, il va les piés clos ou serrés devant & derriere; mais lorsque les cerfs sont bien en venaison, comme dans les mois de Juin, de Juillet & d’Août, ils ont les allures courtes, leur pié de derriere demeure sur le bord du talon du pié de devant, & quelquefois même n’en fait qu’approcher à cause de la venaison, ou de la graisse qu’ils ont alors, tant au devant des épaules, qu’aux flancs, & qui les empêche d’allonger les piés. Les cerfs en cet état ne courrent guéres long-tems.

Comment on connoît les vieux cerfs par le pié & des signes de vieillesse qui les font juger tels. fig. 2 & 3.

Les vieux cerfs ont les mêmes allures & les mêmes connoissances par le pié que les cerfs de dix cors, si ce n’est qu’ils ont les côtés des piés tout usés & fort gros, la jambe & le talon retrecis; qu’ils sont fort bas jointés, qu’ils ont les os gros, courts & tout proche du talon, qu’ils se jugent bien partout, que leurs piés de derriere ne sont marqués qu’à un doigt de distance de ceux de devant, & qu’ils tirent du bout des pinces de leurs piés de devant la terre en arriere. Si le cerf a été nourri dans une forêt dont le terrein soit graveleux & rempli de sable, ou dans un bois pierreux, & entre-coupé de côteaux, vous remarquerez qu’il a les piés & les os beaucoup plus usés que s’il étoit dans un pays plat & uni; mais s’il a été nourri dans un terrain marécageux & doux, ou dans un pays de bruyeres, il aura au contraire les piés fort creux. La plûpart des cerfs nourris dans ces forêts ont le pié long; mais en général un vieux cerf doit avoir les côtés du pié tranchans & la jambe retrecie, & quant aux piés de derriere, ils ne paroissent pas plus grands que les piés de devant d’une chevre.

En voilà assez pour les connoissances du pié; le reste est l’affaire des yeux. Une description plus étendue instruiroit moins que la vûe même des figures que nous avons fait graver; mais il faut en les étudiant ne point négliger la nature & la consulter sur les objets mêmes.

PLANCHE IV.
Chasse du sanglier.

La vignette, d’après Rhidinger, représente l’instant où le sanglier, étant coëffé par les chiens, est percé par un veneur, ainsi qu’il sera expliqué plus bas.

Voici les termes les plus usités à cette chasse.

Les piés du sanglier, par lesquels les veneurs en connoissent, se nomment traces.

Les os ou ergots qu’ils ont au-dessus de leurs talons, s’appellent gardes, fig. 1, 2, 3, 4, 5, du bas de la planche.

S’ils ont à leurs traces un bout des pinces plus long que l’autre, cela s’appelle pigache. fig. 3 & 5.

Les endroits où ils mettent leurs piés, ou leurs traces, se nomment marche ou voie.

La distance qu’il y a de l’une à l’autre, allure.

La tête, c’est la hure.

De quatre grandes dents qu’ils ont dans la gueule, les deux qui sont dans la machoire d’en-bas, se nomment défenses, & les deux de la machoire d’en-haut, s’appellent grais; elles ne servent, pour ainsi dire, qu’à éguiser celles d’en-bas.

Le nés, c’est le boutoir; les fouillures qu’il fait s’appellent bouttis.

Lorsqu’un sanglier a un peu levé le dessus de la terre en marchant, cela s’appelle vermillis; on dit un sanglier a vermillé dans cet endroit.

Les endroits où l’on voit qu’il a mangé blés, avoine, &c. se nomment mangeures, voilà où un sanglier a fait ses mangeures, ou ses mangis.

Un sanglier gras, s’appelle sanglier à porchaison, la peau épaisse que les sangliers mâles ont sur les épaules, s’appelle armure.

Les testicules se nomment suites.

Leur fiente s’appelle laisse, on dit voilà des laisses de sanglier.

L’endroit où il couche, est une bauge.