Page:Encyclopedie Planches volume 2b.djvu/211

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les contours passant les uns sur les autres, suivant en cela les principes de la perspective.

PLANCHE XVIII.
Figure académique, vûe par le dos, d’après un dessein de M. Fragonard.

L’action de cette figure étant plus forcée que la précédente, les muscles sont plus annoncés & les contours plus tourmentés. On remarquera que les contours du bras droit qui fuit totalement, étant passés les uns sur les autres comme ils le sont, contribuent beaucoup à l’illusion. Ce bras acquiert moins de longueur, parce qu’il fuit; & la main qui se trouve sur le plan le plus éloigné, paroît beaucoup plus foible que celle du bras gauche, qui est sur le premier plan. Les ombres & les touches de la main droite sont bien moins vigoureuses que celles de la gauche; suivant le même principe de perspective, la cuisse & la jambe gauches sont dans le même cas.

PLANCHE XIX.
Figures groupées de J. Jouvenet.

On pourra faire sur ce groupe l’application de ce qui a été dit relativement aux plans, à l’ensemble, & à l’effet des figures; ces trois choses sont tellement liées dans un sujet, qu’il est impossible d’en interrompre l’accord sans choquer l’œil du spectateur par un contre-sens ridicule, qui lui fait souvent prendre la partie qui fuit, eu égard au plan qu’elle occupe, pour celle qui avance par rapport à la lumiere qu’elle reçoit, ou qu’un objet qui est droit lui paroît renversé. Il suffit de faire une supposition pour le démontrer.

Les lignes ponctuées A, B, C, D, marquent les principaux plans ou points d’appui de ces deux figures. On voit que l’intervalle qui est observé ici entre les plans ou points d’appui C C, D D, des deux figures, permet à celle qui est sur le devant de se renverser, pour atteindre à l’épaule de l’autre figure & se soutenir sur elle, & que ce renversement donne lieu à la lumiere de se fixer particulierement sur cette figure qui se présente à elle en plan incliné; mais au contraire si, par erreur, on descendoit la pierre qui soutient la figure de derriere, c’est-à dire la ligne D D seulement sur un autre plan comme e, il en résulteroit un contre-sens qui démentiroit & la proportion & l’effet: car, 1°. le point e étant trop près du plan C C, il seroit impossible que la figure de devant fût aussi renversée qu’elle le paroît sans être offensée par le corps D O, qui soutient l’autre; dans ce cas, la lumiere qui agit sur la premiere, comme étant renversée, paroîtroit fausse, n’étant point d’accord avec les plans; & le corps de cette figure devant être droit par la supposition, paroîtroit trop court & hors de proportion. 2°. Le plan D D supposé descendu en e, rapprochant le corps D O du plan C C, le racourci de la jambe gauche de la figure qui est derriere deviendra équivoque, c’est-à-dire que le peu d’intervalle e C C fera supposer que cette jambe ne peut pas être vûe comme fuyante, mais presque droite, & il en résultera la même équivoque par rapport à la lumiere, qui agit différemment sur un corps droit que sur un corps incliné.

Supposons maintenant que le plan D D soit porté sur un autre plan plus élevé quelconque f, alors l’espace entre le plan f, C C, deviendroit si considérable, que la figure qui est sur le devant, ne pourroit tout au plus atteindre à l’autre que dans le cas où elle seroit totalement renversée; ainsi cette figure telle qu’elle est dessinée ici, ne paroîtroit pas assez vûe en racourci par rapport au point où elle doit atteindre. D’ailleurs il seroit impossible que la figure de derriere qui poseroit sur le point f, pût atteindre de son pié gauche comme elle le fait ici, au plan C C auquel il correspond. Mais quand on aura étudié la perspective, comme nous l’avons recommandé, on évitera facilement tous ces contre-sens, & il sera aisé de voir que ce n’est qu’une

affaire de raisonnement & de combinaison, dont on a les principes les plus convainquans & les mieux démontrés.
PLANCHE XX.
Figure de femme, vûe par-devant, du dessein de M. Cochin.
PLANCHE XXI.
Figure de femme vûe par le dos.

On dessine les femmes suivant les mêmes principes d’ensemble & d’effet prescrits pour les hommes, mais les proportions sont différentes en ce que la femme a la tête plus petite & le cou plus long, les épaules & la poitrine plus étroites, mais les hanches plus larges: le haut du bras plus gros & la main plus étroite: les parties des mamelles & du bas-ventre plus basses, cc qui fait que la distance des mamelles au nombril est plus petite de la moitié d’un nez; la cuisse plus large, mais moins longue d’environ le tiers d’un nez; les jambes plus grosses, & les piés plus étroits. Enfin les contours sont plus coulans, & les formes plus grandes, parce qu’étant plus grasses & plus charnues que les hommes, les muscles ne sont presque pas sensibles sous la peau.

PLANCHE XXII.

Fig. 1. Groupe d’enfans de côté & de face, vus par le dos, d’après M. Boucher.

2. Autre enfant groupé avec divers objets.

On ne peut point fixer de proportions justes pour les enfans; le rapport de la tête à toute la hauteur du corps, varie suivant leur âge, jusqu’à ce qu’ils ayent atteint l’âge viril. Un enfant nouvellement né n’a tout au plus que quatre têtes de hauteur, depuis le sommet jusqu’à la plante des piés; un de quatre ou cinq ans, a cinq têtes de hauteur; & cette progression augmente toujours jusqu’à sa formation la plus parfaite, qui est huit têtes de hauteur, comme nous avons dit à la Planche XIV.

Les contours des enfans sont très-coulans, & les formes très-indécises. Voyez la Planche XXXV. fig. 3.

PLANCHE XXIII.
Têtes caracterisant les âges.

Fig. 1. Tête de jeune homme, représentant l’adolescence, du dessein de M. Boucher.

2. Tête de jeune fille, représente l’adolescence, par le même.

3. Tête de vieillard, du dessein de Jouvenet.

4. Tête de vieille, du dessein de Bloemaert.

On ne doit pas prendre indifféremment tous les sujets qui fe présentent pour servir de modele; les traits de la jeunesse sont quelquefois séduisans, sans être réguliers; mais plus on sera touché des beautés de l’antique, plus on sera habile à juger solidement des formes & des proportions les plus convenables.

La vieillesse a aussi ses difficultés & son caractere. Les traits abattus, les rides, les yeux plus enfoncés sont les signes qui peuvent caractériser l’âge, mais il faut aussi que la noblesse des traits & les grandes formes s’y trouvent réunies.

D’ailleurs cette étude tient beaucoup à celle de l’expression, c’est-à-dire que toutes les têtes de vieillards ne sont pas propres à remplir l’objet du dessinateur: un artiste doit ici consulter autant sa raison, que les regles de l’art; afin que les traits de l’homme qu’il prendra pour modele, répondent à ceux de l’espece d’homme qu’il veut représenter. Il en est de même de la jeunesse.

PLANCHE XXIV.
Des passions.

Les figures & leur explication sont d’après le Brun.