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Page:Encyclopedie Planches volume 2b.djvu/35

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On dit, l’oiseau se perche, l’oiseau sur la perche. On porte l’oiseau sur le poing.

Jetter son oiseau, c’est le lâcher après la perdrix, ou tel autre oiseau que l’on vole.

On dit, les oiseaux ont battu la perdrix en tels endroits.

Leure, leurer son oiseau.

Quand l’oiseau a pris la perdrix, & la tient dans ses mains ou serres, on dit, l’oiseau a lié la perdrix.

Les oiseaux de leure se jettent à mont.

Les oiseaux de poing volent poing à fort.

On dit, voilà un oiseau qui va bien à mont; voilà un oiseau qui soutient bien; voilà un oiseau qui vient fondre, qui frappe, ou qui donne fort, ou qui frappe bien.

Aller en quête; quêter un heron, un canard ou autres oiseaux, qu’on fait garder par un piqueur, de crainte qu’on ne les fasse partir.

Maniere de tenir l’oiseau en état, & de faire mourir les tignes.

Il faut poivrer son oiseau; & pour cet effet, faire tiédir dans un baquet environ deux seaux d’eau, y jetter ensuite deux ou trois onces de poivre, selon la quantité de l’eau, avec une once de litarge en poudre que l’on mêlera avec le poivre. On en gardera une pincée, que l’on mettra tremper dans de l’eau tiéde, pour en frotter l’oiseau aux extrémités, c’est-à-dire, à la tête, aux deux mahutes, & au croupion, le tout à la sortie du bain qui se fait ainsi:

On commence par abattre l’oiseau. Un homme lui tient les mains, & un autre la tête. Celui-ci doit prendre garde qu’il n’ouvre le bec, & qu’il n’avale de l’eau & du poivre. On le plonge ensuite dans l’eau, de maniere qu’il soit tout-à-fait trempé; puis à la sortie de ce bain, on lui fait avaler un peu d’eau fraîche, & on lui met dans le bec un petit morceau de sucre, environ de la grosseur d’une noisette, qu’on lui fait avaler. On tient après cela l’oiseau sur le poing devant le feu ou au soleil, jusqu’à ce qu’il soit sec. Pendant qu’il est mouillé on lui fait la tête, c’est-à-dire, on lui met souvent & on lui ôte le chaperon. On ne lui donne point à manger qu’il ne soit bien sec, & seulement trois ou quatre beccades trempées dans de l’eau tiéde en hiver, & dans de l’eau fraîche en été. Quand l’oiseau a bien enduit & émeuti, c’est-à-dire, digeré & fienté, on le fait paître une petite gorge de bonne viande.

Maniere de leurer l’oiseau.

On prend quelques aîles de perdrix avec les plumes, & deux hommes en prennent chacun une à la main. On attache une petite ficelle au pié de l’oiseau qu’on tient sur le poing. On lui donne à paître un peu de ces aîles: on s’éloigne ensuite de trente pas l’un de l’autre. L’un des deux alors appelle l’oiseau, en lui montrant son aîle, & en criant: Venez, petit, venez; hoi, hoi, venez, petit, venez. Puis on lâche l’oiseau, afin qu’il aille manger, & on le reçoit sur le poing, lui faisant tirer la viande par beccade; l’autre, après cela, le rappelle de même, & fait tout ce qu’a fait le premier. Voilà comme on apprend aux oiseaux à revenir à leur maître, par le moyen du leure que l’on porte à son côté lorsqu’on va voler.

Maniere de dresser les oiseaux de leure.

On acharne l’oiseau avec de la viande, puis on le fait venir à soi, petit à petit, avec une filiere ou une ficelle de dix à douze brasses, que l’on at-

tache au bout de la longe. Quand il vient bien sur le poing dans la chambre, on va à la campagne, & on laisse traîner la ficelle pour le faire venir; puis on mene des chiens & des chevaux pour l’assurer. Quand le leure est bien assuré, on lui fait tuer une poule ou un poulet; ensuite on lui fait escape, c’est-à-dire, on lui lâche l’oiseau pour lequel on veut dresser le leure, & on le laisse aller devant lui.
Maniere de dresser les oiseaux de poing.

On réclame les oiseaux sur le poing avec de la viande. Réclamer, veut dire, appeller l’oiseau, & le faire revenir sur le poing; & quand il revient de bien loin à vous, on lui fait escape d’une perdrix ou d’une caille vivante, afin qu’il la prenne. S’il la prend bien, il faut lui ôter la filiere & la longe; & quand on a remarqué une compagnie de perdreaux ou une caille, on fait partir l’oiseau de près, & on le jette bien-à propos. S’il prend bien le perdreau ou la caille, on le laisse paître sur le gibier, & l’on fait la même chose deux ou trois fois de suite. Il faut que le fauconnier soit soigneux de présenter le bain à son oiseau, deux ou trois heures après qu’il a pû, afin qu’il ne soit point sujet à l’essor, c’est à-dire, à s’envoler bien haut dans les nues pour prendre le frais.

Nourriture des oiseaux de fauconnerie, selon la saison, l’espece des oiseaux, & la nature de chacun.

Il faut observer en général qu’en hiver il faut leur donner des viandes plus nourrissantes, & de plus légeres en été.

Le poulet nourrit modérement l’oiseau, & le tient tout-à-la-fois en santé, en appétit & en haleine.

Le pigeon est trop chaud & trop nourrissant, il fait perdre l’appétit à l’oiseau, & le rend fier. Enfin il n’est propre que dans la mue, encore faut-il lui arracher la tête, & le laisser saigner & mortifier.

L’oiseau de riviere est une bonne viande, mais elle est encore trop nourrissante; il n’en faut guère donner à votre oiseau sans le baigner. Il y a une espece d’oiseaux de riviere, nommés givres, qui ont le bec tranchant comme une faucille, & dont la chair est aigre & de mauvaise digestion, comme celle des martinets & des chevaliers.

La perdrix est une viande douce, nourrissante, savoureuse & bien passante; elle tient les oiseaux en haleine, en appétit & en santé.

Il y a des corneilles de trois especes: le frayon, la mantelle & la corbine. Le frayon est une assez bonne viande; elle est pourtant un peu aigre, & n’est pas bien nourrissante; mais elle donne de l’appétit à l’oiseau, & le sang en est bon contre les filandres.

La mantelle est une viande grossiere qui salit l’oiseau. Elle approche de la substance du porc, sur-tout celle d’autour de Paris.

La corbine ne vaut rien du tout.

La pie est une viande aigre, légere & passante; elle n’est guere nourrissante, mais donne de l’appent à l’oiseau.

Le geay est encore plus aigre & de plus mauvaise digestion.

L’étourneau est une viande aigre & mauvaise.

Le merle est une assez bonne viande, mais un peu aigre.

Le choucas est une viande assez bonne, quoique de dure digestion, parce que c’est un oiseau à mulette. Or tout oiseau à mulette n’est pas propre aux oiseaux de fauconnerie, & s’ils s’en nourrissoient