Page:Encyclopedie Planches volume 3.djvu/156

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encoches, que quelques-uns croient pouvoir tenir lieu des contreforts décrits dans la section précédente; ce en quoi ils se trompent, ces chassis ne pouvant opposer qu'une foible résistance à la force d'expansibilité des vapeurs humides contenues dans le môle du fourneau, vapeurs auxquelles les canaux expiratoires, décrits ci-dessus, donnent issue. On voit sur le devant du fourneau les orifices de quelques-uns de ces canaux, & comment les charpentes & les chassis sont portées par des encorbelemens.

Le coulage des pieces moulées à découvert dans le sable du devant du fourneau, comme contre-cœurs, marmousets & autres pieces dont les modeles occupent le bas de la Pl. V. expliquée ci devant, n'a aucune difficulté; ayant percé le fourneau & lâché la fonte qu'il contenoit dans le moule de la gueuse, il n'y a plus qu'à déboucher les coulées particulieres qui communiquent du moule de la gueuse aux différens moules des pieces que l'on veut fondre à découvert, & fermer ces coulees lorsque les moules ont reçu la quantité suffisante de forte. On jette alors quelques pellerées de frasin sur la surface extérieure des pieces ainsi moulées, pour les défendre du contact immédiat de l'air, & empêcher que les fontes contenues dans les moules ne petillent.

Mais pour emplir les moules faits en terre, ou ceux faits en sable, il y a trois manieres que je vais expliquer.

Si les moules sont d'une capacité médiocre, c'est-à-dire si une seule cuillerée de fonte peut les remplir, un seul ouvrier avec un aide qui est ordinairement un petit garçon, suffit pour les emplir.

Fig. 1. Ouvrier qui avec la cueillere, nommée poche, puise la fonte dans l'ouvrage par le dessus de la dame; pendant cette opération les soufflets sont arrêtés, & la thuiere bouchée; la flamme qu'ils lanceroient hors de l'ouvrage, ajouteroit trop à la grande chaleur où les ouvriers sont exposés; l'ouvrier donc prend la poche enduite de lest ou herbue, il la fait couler dans l'ouvrage par le dessus de la dame: son bras du côté du feu est garni d'une manche de toile fort ample; cette manche qui, dans la figure, devroit paroître envelopper aussi sa main, le garantit de la grande ardeur du feu. Il porte ainsi cette cueillerée vers les moules.

3. Ouvrier qui verse sa cueillerée ou pochée contenant environ cinquante liv. de fonte dans le moule formé dans un chassis; l'ouverture par laquelle il verse, a pris de cette opération le nom de jet; l'autre ouverture que l'on voit au même moule sert d'évent. a a chantiers. b c chassis ou moules posés sur les chantiers; ces moules sont en deux parties.

4. Aide de l'ouvrier précédent. Cet ouvrier retient avec un bâton les crasses ou le laitier qui surnage dans la poche afin qu'il n'y ait que la fonte qui entre dans le moule.

5. 6. Lorsque les pieces sont plus considérables, qu'il faudroit, par exemple deux, ou trois, ou quatre cueillerées de fonte pour les remplir, le fondeur, fig. 5, verse sa cueillerée dans le moule par le jet Z, & un ou deux autres fondeurs, fig. 6 & fig. 1, vont & viennent alternativement puiser de la fonte dans l'ouvrage ou creuset du fourneau, & versent leurs pochées dans la cueillere ou poche du premier fondeur, fig. 5, ce qu'ils continuent jusqu'à ce que le moule soit rempli, ce qu'on connoît par le reflux du métal dans les évents qui sont à droite & à gauche du jet Z.

Petit ouvrier qui écume le laitier avec un bâton.

Quelquefois les pieces sont si considérables que le service de les couler à la poche deviendroit trop long & trop pénible, vû qu'il faut que le métal coule dans le moule sans interruption, tels sont les gros tuyaux pour la conduite des eaux; en ce cas on enterre le moule dans le sable qui est au-devant du fourneau, comme on le voit en Y, les jets & les évents hors du sable; on perce alors la coulée du fourneau avec un ringard, & la fonte coule d'un seul jet dans le moule. Lorsqu'il est plein, on détourne le reste vers un autre moule, si on connoît que le fourneau contienne assez de matiere pour l'emplir; ou vers un moule de gueuse pour en faire du fer.

8. Ouvrier occupé à briser la chape d'un tuyau avec le secoueux décrit ci-devant.

Bas de la Planche.

Fig. 1. Poche ou cueiller du fondeur vue en plan. A B le manche qui est de bois, il est reçu en B par la douille de la poche BC d'environ sept ou huit pouces de diametre. Cette poche est enduite d'argille ou de lest pour l'empêcher de se brûler.

2. La même poche vue de profil. a b le manche. b c la douille. c d la poche dont la profondeur est d'environ quatre pouces.

3. Pelle à mouler; on se sert de cette pelle pour mettre en-travers du canal ou de la rigole Y dans la vignette, pour retenir les laitiers ou crasses qui surnagent au-dessus de la fonte qui s'écoule du fourneau: on leve médiocrement cette pelle pour laisser passer par-dessous le métal fondu: lorsque les moules sont pleins, on bouche le fourneau, & on enfonce la pelle dans le sable: pour arrêter l'écoulement du métal, on met de la terre ou du sable derriere la pelle pour la soutenir & mieux étancher, le lingot qui reste, & est formé entre la pelle & l'ouverture de la coulée, se porte à l'affinerie pour en faire du fer. La pelle qui est de fer battu a douze pouces de diametre, sa douille environ neuf pouces, la longueur de son manche est de deux piés & demi.

4. Autre pelle ou beche pour remuer le sable de devant l'ouvrage afin d'y enterrer les moules: sa longueur est de dix pouces, & sa largeur de sept pouces; elle est emmanchée comme la précédente.

5. Grande pelle aussi de fer pour enlever les laitiers & déblayer le creuset; elle a quinze pouces de long sur douze pouces de large. Son manche y compris la douille qui a quinze pouces de long est de quatre piés & demi de longueur.

Toutes ces cinq figures font dessinées sur l'échelle de quatre piés; les quatre suivantes sont relatives à l'échelle de neuf piés qui est au-dessus.

6. Crochet de trois piés de long pour déboucher la thuiere.

7. Ringard de huit piés de long, nommé lâche-fer, il sert pour percer le bouchage de la coulée, c'est de cet usage qu'il a pris son nom.

8. Ringard à relever. Il en faut deux. Ils ont chacun sept piés de long.

9. Grand ringard pour soulever la gueuse ou les moules des grandes pieces. Il en en faut aussi deux, ayant chacun douze piés de longueur. Tous les ringards divisés en deux parties, non compris la pointe qui est quarrée, ont la partie qui est contiguë à la pointe de forme octogone, l'autre partïe est arrondie.


PLANCHE X.

Cette Planche & les deux suivantes sont relatives à l'art de mouler les différentes sortes de tuyaux pour la conduite des eaux.

Fig. 1. Coupe d'un des anciens tuyaux à emboîture. a c le vuide du corps du tuyau. c b boîte pour recevoir le bout d'un autre tuyau. d e bourlet qui s'applique à la boîte d'un autre tuyau.

2. Le même tuyau représenté en perspective. A B le tuyau. C B la boîte qui reçoit le petit bout d'un autre tuyau. D E bourlet.

3. Deux tuyaux de l'espece précédente, assemblés comme il faut qu'ils le soient pour former une conduite. A B un des deux tuyaux. B la boîte qui roçoit le petit bout de l'autre tuyau D E, B B. D E bourlet du second tuyau qui s'applique contre le bord de la boîte du premier pour retenir le mastic & la filasse dont elle est garnie intérieurement. B B boîte pour recevoir un troisieme tuyau, ainsi de suite.

4. Les deux pieces qui composent le modele d'un tuyau de l'espece précédente. A B dans les deux figu-