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Page:Encyclopedie Planches volume 5.djvu/17

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Le Renne, fig. 2. est moins gros que l’Elan, & plus fort que lé Cerf, il porte un bois qui a quelque rapport avec celui du Cerf, mais qui est beaucoup plus grand. Son poil est long, moins dur que celui de l’Elan, & d’un gris blanchâtre; la femelle porte, comme nous avons dit, un bois qui ne differe de celui du mâle qu’en ce qu’il est plus petit. Le Renne endure le froid beaucoup mieux que l’Elan, car on en trouve non-seulement dans tous les endroits où il y a des Elans, mais même jusqu’au fond du Nord où les Elans ne peuvent vivre. Les Lapons élevent des Rennes, & en forment des troupeaux qui font toutes leurs richesses; ils les nourrissent d’une espece de mousse qui les engraisse beaucoup. On trouve aussi des Elans & des Rennes au Canada, où ils sont connus, le premier sous le nom d’Orignal, & le second y est appellé Caribou.


PLANCHE VII.

Le Babiroussa, fig. 1. ou Babiroesa, est du genre du Cochon, qui a pour caracteres génériques deux dents incisives aux deux mâchoires, & le pié fourchu. Le caractere qui le fait le plus aisément distinguer des autres animaux de son genre, & même de tous les autres, c’est qu’il a deux défenses qui lui sortent de la mâchoire supérieure, & qui se recourbent en haut jusqu’auprès des yeux: ces défenses sont de la nature du plus bel ivoire: les deux dents canines de la mâchoire inférieure sont moins longues & ressemblent à celles du Sanglier. Le Babiroussa a le poil court, laineux, & d’un gris mêlé de noir & de roux, il est beaucoup plus grand que le Cochon, & même que le Sanglier. On le trouve en plusieurs endroits de l’Asie & de l’Afrique, cependant on ne le connoît que d’après les descriptions imparfaites & les mauvaises figures que les voyageurs en ont données; j’ai fait copier celle que Thomas Bartholin nous a laissée de cet animal. Hist. Anat. cent. 11.

Le Tapir, l’Anta ou Manipouris, fig. 2. a quatre doigts ongulés aux piés de devant, & trois aux piés de derriere, comme le Cabiai, tous reunis les uns aux autres par une membrane, mais il differe de cet animal par les dents incisives qui sont au nombre de dix dans chaque mâchoire, ce qui a déterminé M. Brisson à faire deux genres particuliers de ces deux animaux.

Le Tapir est le plus grand des animaux de l’Amérique, cependant il n’a que la grosseur d’une petite Vache: on pourroit placer cet animal au rang des amphibies, car, selon Barrera, il se retire dans les rivieres, où il reste plus long tems que sur la terre. Les parties de son corps paroislent très-mal proportionnées; il a les jambes courtes & informes, la tête grosse, la queue très-courte & dégarnie de poils, la machoire superieure beaucoup plus longue que l’inférieure, de sorte qu’il semble avoir une trompe, son poil est court & d’une couleur brune, excepté quand cet animal est jeune, alors il a une couleur rougeâtre, avec des taches blanches comme le Chevreuil quand il porte la livrée: le Tapir est du nouveau continent, & se trouve particulierement dans la Guiane & au Brésil.

Le Cabiai, fig. 3. a pour caracteres génériques deux dents incisives à chaque mâchoire, & les doigts ongulés qui sont au nombre de quatre aux piés de devant, & seulement trois aux piés de derriere; le Cabiai étoit aussi peu connu que le Babiroussa & le Tapir avant qu’on eût la description & la figure de cet animal qui se trouve dans l’Hist. Nat. tom. XII. in-4o. Il a une couleur rousse mêlée de noir & de brun; il est moins gros que le Cochon, avec qui il a quelque rapport par les soies dont son corps est couvert, mais il en differe principalement par les doigts qui sont réunis les uns aux autres par une membrane; il n’a point de queue; la levre supérieure est échancrée au-dessous du nez, & la levre inférieure est beaucoup moins avancée que la levre supérieure; ses soies sont moins rudes que celles du Cochon.

Le Cabiai nage très-aisément, & se plait à rester dans l’eau, où il cherche du poisson pour sa nourriture; il mange aussi des graines, des fruits, des herbes, &c. on le trouve comme le Tapir, dans la Guiane & au Brésil.


PLANCHE VIII.

Le Lion, fig. 1. a un caractere qui le fait distinguer, non-seulement des autres animaux de son genre, mais même de tous les autres; c’est une espece de criniere formée par de longs poils assez doux & lisses, qui couvre le cou & toute la partie antérieure de son corps. Il a beaucoup d’autres caracteres communs avec les Chats, le Tigre, le Léopard, la Panthere, l’Ours, le Couguar, le Linx, le Caracal, & le Chatpard. Tous ces animaux ont cinq doigts aux piés de devant, & quatre aux piés de derriere, garnis chacun d’un ongle crochu, que l’animal peut cacher ou faire paroître au-dehors à son gré, la tête arrondie & le museau obtus, la langue garnie de pointes acérees qui la rendent fort rude au toucher, les yeux gros & ronds, & enfin la vue très-bonne, même dans l’obscurité; ils se ressemblent encore tous par leurs inclinations meurtrieres, ils font tous la chasse aux autres animaux, & ils ne vivent que de leur proie. Ils vont toujours par sauts & par bonds, à moins qu’ils n’aillent très-lentement, enfin leur urine a une odeur très-forte & très-désagréable: le Lion a la verge courbée en-dessous, ce qui lui fait jetter son urine en arriere, mais il n’est point vrai, comme l’ont prétendu quelques auteurs, qu’ils s’accouplent aussi en arriere, parce que la verge étant en érection perd sa courbure & se trouve alors dirigée en avant. La femelle du Lion n’a point de criniere, elle differe encore du mâle en ce qu’elle est environ d’un quart plus petite; ils ont l’un & l’autre l’extrémité de la queue garnie de poils beaucoup plus longs que ceux du reste de la queue, ces poils sont plus longs dans le Lion que dans la Lionne. On ne trouve des Lions que dans les climats les plus chauds de l’ancien continent. Il y a en Amérique un animal connu sous le nom de Puma, que quelques auteurs ont voulu faire passer pour un Lion, mais c’est une espece différente de celle du Lion, car il n’a point de criniere.

On a donné le nom de Tigre à différentes especes d’animaux, comme au Léopard, à la Panthere, au Jaguar, &c. mais M. de Buffon vient de dissiper le nuage qui rendoit obscure la nomenclature de tous ces animaux. Les anciens naturalistes n’ont jamais confondu le Tigre avec la Panthere & le Léopard, ce sont les voyageurs qui ont commencé à répandre de la confusion dans cette partie de l’Histoire Naturelle, en donnant le nom de Tigre aux animaux féroces, tels que le Léopard, la Panthere, &c. & les nomenclateurs ont augmenté cette confusion en faisant un nom générique du mot Tigre. Je vais donner la nomenclature de tous ces animaux d’après M. de Buffon (a), & rapporter les caracteres qui sont particuliers à chaque espece.

Le Tigre, fig. 2. est très-aisé à distinguer de toutes les autres especes d’animaux de ce genre, par sa grosseur & par sa couleur, c’est le plus grand de tous, car on dit qu’on en trouve qui ont jusqu’à quinze piés de longueur, y compris la longueur de la queue. Il a une couleur fauve, avec des taches longitudinales noires, en forme de bandes, sur les côtés du corps, sur le devant de la poitrine, & sur les côtés de la tête.


PLANCHE IX.

La Panthere, fig. 1. est beaucoup plus petite que le Tigre, mais plus grande environ d’un tiers que le Léopard; elle a une couleur fauve plus ou moins foncée, avec des taches noires de différentes grandeurs sur les diverses parties du corps. Les taches de la tête sont très-petites, celles du cou & de la partie antérieure de la poitrine sont plus grandes; enfin les taches qui caractérisent le mieux la Panthere, sont celles des côtés du corps; au lieu d’être pleines comme celles de la tête & des jambes, elles sont en forme d’anneau, les unes à-peu-près rondes, les autres approchant plus du quarré; la plûpart de ces anneaux ont à leur centre une petite

(a) Voyez l’Histoire Naturelle, générale & particuliere, avec la Description du Cabinet du Roi, tom. IX.