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Page:Encyclopedie Planches volume 5.djvu/263

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& la rosette ne font plus qu'un seul corps, bien décrassé & purifié, on y jette pour la premiere fois environ dix livres de suif noir par morceaux, on le laisse sur la surface de la matiere jusqu'à ce qu'il soit fondu, & on jette dessus un peu d'eau fraîche pour le faire gonfler. Après cette opération on prend dans le tonneau ci-devant designé un paquet de soixante-six feuilles, que l'on pose à gauche sur le bord du creuset, avec une tenaille de fer, on le met à plat dans le creuset, & avec un bâton on retourne ces feuilles deux ou trois fois, pendant ce tems elles doivent prendre l'étain; quand l'ouvrier voit qu'elles sont étamées, il les met debout dans le creuset, & prend ensuite un pareil paquet qu'il met encore dans le creuset, en observant toutefois que ce dernier paquet ne se mêle pas avec le premier, ce qui se fait par une feuille marquée; on recommence encore à remuer avec un bâton les deux paquets, de façon que les feuilles se trouvent à plat dans le creuset; en face duquel & à gauche de l'étameur est un compagnon qui retire du creuset avec une petite tenaille, feuille à feuille, le premier paquet déposé dans le creuset, & les met sur une grille de fer en forme de herse, d'où l'étameur prend la feuille aussi avec une petite tenaille, & la trempe sur la vive-arête de sa hauteur, dans la séparation qui est dans le creuset; cette sépara-tion se fait avec une grande tôle courbée aux deux bouts, qui se pose dans le creuset: cette opération s'appelle tirer les feuilles au clair; en les retirant ainsi l'étameur les met aussi sur une grllle de fer plus grande que la premiere, qui est posée à sa droite, auprès de laquelle est un autre compagnon qui prend la feuille toute chaude, la regarde pour voir s'il n'y a pas de défectuosités, & s'il n'y en a point, il la fait passer à deux récureuses qui sont près du creuset, pour la passer la premiere fois au son, c'est ce qu'on appelle ôter la premiere graisse; ensuite on pose ces feuilles sur un petit creuset dans lequel on fait la lisiere, auprès duquel il y a deux compagnons ou ouvriers dont un met feuille à feuille dans le petit creuset, & l'autre la retire, & avec un paquet de mousse enleve les gouttes d'étain qui restent à la feuille sortant du grand creuset, c'est ce qu'on appelle faire la lisiere. Après la lisiere faite on porte les dix-huit cens feuilles dessus & aux côtés d'un grand poële à l'allemande, où elles chauffent suffisamment pour être passées une seconde fois au son, c'est ce qu'on appelle ôter la seconde graisse. Après cette opération on remet les feuilles une seconde fois sur le poële, & quand elles sont suffisamment chaudes, on les passe au son nouveau, c'est ce qu'on appelle frotter au clair; ensuite il y a un goujard qui prend ces feuilles & les torche les unes après les autres avec un morceau de gros drap, pour ôter une espece de farine provenant du son qui s'attache à la feuille.

Ces opérations ainsi faites, on porte ces dix-huit cens feuilles, ou partie, sur un banc de fonte posé sur des briques en forme de fourneau, sur lequel il y a un petit feu de charbon, pour donner un peu de chaleur à ces feuilles, pour être dressées sur un stoc avec un marteau de fer ci-dessus designé, c'est ce qu'on appelle parer les feuilles; on en pare ainsi trente ou quarante à-la-fois.

Ensuite on les embarille, mettant trois cens feuilles dans chaque baril avec un instrument de fer fait comme une langue de bœuf; l'on numérote ces barils, & l'on distingue la quantité de ces feuilles de fer-blanc par un X. qui signifie simple croix, deux X. double croix, & une autre plus bas: ce triage de feuilles est fait par le maître Etameur.

Observations sur l'étamage.

Après les six premiers barils blanchis qui peuvent avoir usé 19 livres d'étain chaque baril, rosette comprise, l'Etameur retire du creuset environ 110 livres d'étain, & il en remet de nouveau assez pour remplir le creuset que l'on fait rougir avec la rosette pour être purifié. On emploie à cette purification beaucoup moins de tems qu'à la premiere, parce que la majeure partie de la matiere qui reste dans le creuset, a été purifiée, comme il a été ci devant dit.

On ne peut spécifier la quantité de rosette qu'il saut chaque fois qu'on purifie l'étain, c'est le savoir & l'expérience de l'Etameur, ainsi que la quantité d'étain, qui déterminent à en mettre plus ou moins. Un habile Etameur connoît à la trempe d'une feuille s'il y en a trop ou trop peu. Par exemple, si la feuille est terne, & que le degré de chaleur convenable soit donné au creuset, c'est une marque qu'il n'y pas assez de rosette; si la feuille est jaune, & que ce même degré de chaleur y soit, c'est une marque qu'il y a trop de rosette. Cependant il arrive que sans qu'il y ait ni trop ni trop peu de rosette, la feuille peut être terne & jaune, alors la terne marque que l'étain n'est pas assez chaud; la jaune, c'est qu'il l'est trop: ce n'est que l'habitude & l'expérience de l'ouvrier qui peuvent éviter ces différences.

Il y a encore un savoir-faire dans un habile ouvrier, c'est de donner une dose suffisante de rosette, pour que la feuille sortant du creuset s'égoutte facilement, qu'il n'y reste point de demi-ronds, comme aussi par ce même degré la feuille aura un brillant net: enfin il n'y a que la longue habitude dans l'art d'étamer qui puisse donner les qualités ci-dessus, & éviter les défectuosités.

Façon de faire le suif noir.

Mettez dix livres de suif blanc dans un chaudron, & les faites chauffer jusqu'à qu'il soit noir, jettez-y ensuite environ une demi-livre de noir de Lyon, & avec une cuiller de bois vous remuez ces deux matieres, après vous y jettez quelques gouttes d'eau pour le faire gonfler, vous continuez toujours à y mettre quelques gouttes d'eau en remuant jusqu'à ce qu'il soit près de sortir de la chaudiere qui reste toujours sur le feu pendant cette manœuvre; après laquelle vous prenez un seau dans lequel vous mettez un verre d'eau fraîche que vous remuez pour que le vase soit mouillé tout autour, & vous jettez dedans ce qui est dans la chaudiere; si la ma-tiere passoit par-dessus le seau, vous remuerez avec la cuiller pour l'empêcher de sortir, ensuite on la laisse refroidir pour la retirer en pain.

Observations.

Quand on mettroit cette quantité de dix livres dans le creuset, on en retire suffisamment du dessus pour mettre dans une chaudiere avec du suif blanc qui se perpétue de façon que vous n'en manquez point: quelque-fois il arrive qu'il est trop épais, ce qui se voit sur la feuille en sortant du creuset, alors vous le renouvellez avec du suif blanc.

Il faut huit livres de suif blanc pour chaque fois que l'on blanchit 1800 feuilles petit modele, & douze livres pour le grand modele.

Il faut une mesure de son par baril de petit modele, & deux par baril de grand modele.

Cette dépense n'est pas considérable, parce qu'on en retire à-peu-près le même prix pour engraisser les bestiaux.

Une corde de bois pour étamer six barils petit modele, & pour le grand modele, deux.

La chaudiere où l'on chauffe l'eau pour le décapage, peut être chauffée sur cette quantité de bois.

Une corde de bois par semaine pour le stouf ou grand poële.

Une voie ou panier de charbon pour faire les lisieres des six barils.

Une demi-voie sous la table du dressage pour lesdits six barils.

Soixante & dix mesures de seigle décaperont par jour seize paquets de soixante-six paires de tôle chacun, & successivement cette même quantité pendant 14 jours.

Il se pourra faire qu'il y aura quelque diminution sur cette quantité, parce que si la tôle est bossuée ou trop terreuse, on sera obligé de retarder un jour.

Maniere de faire le levain pour donner l'aigre aux tonneaux de décapage.

On prend une demi-mesure de farine de seigle dans deux ou trois pintes de verjus que l'on paîtrit comme si l'on vouloit faire du pain, que l'on laisse lever à la chaleur de la voûte ou d'une platine pendant trois jours;