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Page:Encyclopedie Planches volume 5.djvu/274

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HISTOIRE NATURELLE. MÉTALLURGIE.

Maniere de trouver le Minerai & de travailler le Plomb, contenant une Planche.

ON le cherche comme tous les autres derriere les rochers, en faisant des bures ou des chemins souterreins. Plus on s'enfonce, plus les matieres sont belles; elles sont quelquefois à cinq toises de profondeur, mais elles ne sont point belles, il faut aller jusqu'à 40 à 50 toises de profondeur. Après avoir tiré la mine hors de la terre, on la brise en petits morceaux pour la laver dans des baquets, puis dans de grandes cuves d'eau, & la passer ensuite au tamis. Le travail qui suit consiste à la faire cuire ou griller dans un four qui est à l'air, lequel a huit piés de long, quatre de large, & quatre de haut. On la laisse brûler quatre jours, puis on l'écrase sous des pilons. Ceci est particulier, car on ne bocarde la mine qu'avant la calcination ordinairement. Pour la brûler on fait un lit de gros bois fendu avec du charbon de la hauteur d'un pié & demi, & le reste on le couvre de la mine de plomb & de crasse de fer que l'on prend dans les forges, avec ce qui reste dans le four, qui est la crasse du plomb, on y laisse le feu pendant cinq jours, & après que la matiere est froide, on la met fondre dans un petit four avec de la crasse de plomb. Ce four a cinq piés de long, un pié deux pouces de large, & cinq piés de haut, avec une cheminée à la façon de celle des Forgerons. Il y a trois plaques de fer au-devant qui ont deux piés de hauteur, & font un quarré de trois piés, comprenant le côté du four. Sur la droite il y a un grand trou qui a un pié & demi de diametre & un pié de profondeur. On y fait un lit de charbon avec du bois en travers, & l'on jette la matiere dessus qu'on allume avec un fagot en hauteur pour qu'il puisse brûler & donner de l'air; & quand elle diminue, on y jette trois pelletées de charbon & trois de la matiere; & avec une verge pointue de la grosseur d'un pouce, on fait deux ou trois trous sur la plaque de fer du côté du trou pour que le plomb coule dedans; proche du trou il y a un moule de fer qui a trois piés de long & six pouces de large.

Avec une cuiller de fer qui a six pouces de diametre, on prend du plomb dans le trou pour emplir le moule qui a deux piés de long sur quatre pouces de largeur & de profondeur; il est à remarquer qu'on le doit fondre avec du gros charbon; il faut aussi mettre trois ou quatre pelletées de ce charbon dessous le minerai, & puis on doit le recharger tant avec du minerai que du charbon, à mesure que le feu diminue la charge du fourneau, & continuer ainsi pendant quatre à cinq jours, tant de jour que de nuit. Le feu de charbon est animé par le moyen de deux gros soufflets qui ont huit piés de long & trois piés de large, quand ils sont ouverts, ils ont trois piés de hauteur. Ces soufflets vont par le moyen d'une roue à moulin à eau, qui fait aller en même tems deux pilons pour écraser les matieres qu'on tamise ensuite afin qu'elles fondent mieux.

On fond pendant quatre ou cinq jours sans relâche, & l'on fond six moules par jour qui pesent So liv. chacun.

Il faut que le fourneau soit bâti d'une pierre rougeâtre qui ressemble au marbre, laquelle se trouve à Bar près de Huy, & le mortier dont on se sert pour le construire, est composé de charbon réduit en poudre avec un quart d'argille que l'on pétrit ensemble.

PLANCHE

Cette Planche représente l'intérieur de l'attelier qui contient le fourneau de fusion pour la mine de plomb, le bocard qui sert à la pulvériser, & le fourneau de grillage. On a supprimé le comble & fracturé les murs de cet attelier pour en laisser voir l'intérieur.

Fig. 1. Fourneau de grillage. Voyez les Planches du Grillage & leur explication. A tas de minerai non grillé. B Fourneau de grillage qui est vuide. C second fourneau de grillage qui est chargé. On voit auprès le canal qui amene l'eau sur la roue qui fait agir les soufflets.

2. Elévation géométrale du bocard vu par le côté où l'arbre qui en éleve les pilons, est placé. A B, C D les deux jumelles assemblées sur les extrémités de la sole ou auge dans laquelle la mine est pulvérisée. 1, 2, 3, 4 les pilons entretenus en situation par des moises.

3. Vue de l'intérieur de la fonderie. A B, C D les jumelles du bocard, dont l'auge est cachée par l'arbre de la roue; les cames de cet arbre levent alternativement les pilons 1, 2, 3, 4 du bocard qui est affermi dans la situation verticale par plusieurs étressillons ou pieces de bois scellées dans les murs de l'attelier. a tourillons de l'arbre de la roue qui fait à-la-fois agir les pilons du bocard & les deux soufflets de la fonderie. b c partie de l'arbre garnie de cames. c came. d, e les deux soufflets qui expirent alternativement l'air qu'ils contiennent par la compression des cames sur leurs queues. Chaque soufflet est relevé par une bascule f g mobile sur un boulon qui repose sur la chaise ou chevalet supérieur. L'extrémité g des bascules tombe sur la chaise inférieure nommée chaise de rechute, ce qui limite sa descente; & par conséquent la relevée des queues des soufflets qui sont tirées en haut par une chaîne qui va s'attacher à l'extrémité f de la bascule.

Le fourneau F G H I dans lequel se fait la fusion, est à-peu-près semblable à ceux qui servent pour le cuivre. Voyez les Planches concernant le cuivre & leur explication. Il y a au-devant un bassin K dans lequel le plomb fondu est reçu, & d'où on le retire pour le lingoter & le mettre en saumons que d'autres ouvriers emploient à différens ouvrages.