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Page:Encyclopedie Planches volume 8.djvu/183

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jours, & alternativement en retraite pendant huit autres jours pendant trois mois.

Après le plein foible on donne aux cuirs le plein fort, c’est-à-dire qu’on les abat dans un plein neuf où ils restent également quatre mois alternativement en plein & en retraite de semaine en semaine.

Quelques tanneurs font encore passer les cuirs par un nouveau plein fort où ils restent deux mois aussi alternativement en plein & en retraite. Après ce dernier plein ou le précédent, les cuirs étant suffisamment renflés ou gonflés, on les travaille de riviere avec le couteau rond ou la queurse pour en faire sortir la chaux, on les écharne du côté de la chair avec le couteau à écharner; on les foulle & on les rince soigneusement pour en exprimer toute la chaux, ils sont ensuite en état d’être tannés. Il y a des cuirs plus forts qui exigent un plus grand nombre de pleins.

Fig. 1. Ouvrier qui avec le boulloir brasse le plein pour délayer le sédiment de la chaux & la mêler dans l’eau. Ordinairement deux ouvriers sont employés ensemble à cette opération.

2. & 3. Ouvriers qui retirent les cuirs du plein pour les mettre en retraite; ils se servent pour cela de longues tenailles de fer avec lesquelles l’ouvrier, fig. 2. saisit la tête du cuir; lorsqu’il a tiré la tête hors du plein, l’ouvrier, fig. 3. la saisit avec ses tenailles; le premier ouvrier reprend la peau vers la culée, & tous les deux agissant de concert, l’enlevent & la couchent en a b, de maniere que la tête soit du côté du mur & la culée du côté du plein, les dos de chaque bande couchés les uns sur les autres, & les ventres du côté des ouvriers. C’est-là que les peaux sont en retraite pendant plusieurs jours, ainsi qu’il a été dit.

Bas de la Planche.

Fig. 4. Tenailles de fer dont se servent les ouvriers, fig. 2. & 3. pour tirer les cuirs de dedans les pleins; l’extrémité d’une des branches a une rainure qui reçoit la languette de la seconde partie de la tenaille; ensorte que les peaux une fois saisies par cet instrument, ne peuvent point échapper ni glisser, ce qui exposeroit la fleur à être égratignée.

4. Autre sorte de pinces plates servant au même usage.

6. Boulloir dont se sert l’ouvrier, fig. 1. de la vignette pour brasser le plein dans lequel on doit rabattre les peaux qui sont en retraite auprès de lui. Le reste du manche de cet outil est représenté à côté sous le numero fig. 6. bis.

PLANCHE V.

La vignette représente l’attelier des passemens contigu à celui que l’on vient de décrire, représenté par la vignette de la Planche précédente.

La dépilation & le gonflement des cuirs qui a été produit ci-devant par l’eau de chaux dans laquelle on a laissé longtems macérer les cuirs, peut s’opérer par la fermentation acide ménagée avec art, & en beaucoup moins de tems. On se sert pour cela de différentes substances, entre autres de la farine d’orge dont on fait un levain qu’on laisse aigrir & que l’on délaye ensuite dans l’eau contenue dans les cuves pour former les passemens.

Le train des passemens à l’orge ou passemens blancs est composé de quatre cuves 1, 2, 3, 4, ou 5, 6, 7, 8, qui sont cotées des mêmes chiffres dans le plan général, Pl. I. Ces cuves ont cinq piés de diametre & deux piés dix pouces de hauteur. Les peaux suffisamment désaignées & écharnées, sont jettées dans la premiere cuve, celle dont l’eau aigre a servi plusieurs fois & est la plus foible de toutes. Elles y restent plusieurs jours, tous les jours on les releve deux fois pendant deux ou trois heures sur les planches qui sont sur le bord de la cuve; ce qui équivaut à la retraite des cuirs à la chaux; on les rabat ensuite dans la seconde cuve dont l’eau est plus aigre, ayant servi une fois moins que la précédente. Elles y restent aussi plusieurs jours alternativement en retraite sur les planches qui recouvrent en partie la cuve. On continue ainsi à faire passer successivement les peaux d’un passement plus foible à un plus fort jusqu’à ce que le poil soit disposé à quitter la peau: en les débourre ou on les épile alors sur le chevalet avec le couteau rond; on les rince soigneusement, on les rabat ensuite dans un passement plus fort, on les releve, & on les rabat dans les cuves.

Après que les cuirs sont épilés & écharnés, ils passent successivement dans les autres passemens, dont le dernier est un passement neuf composé d’environ 12 livres de farine d’orge pour chaque cuir; ils sont alors suffisamment gonflés pour aller dans les passemens rouges.

On conçoit par ce qui vient d’être dit que la premiere cuve qui est la plus foible, devient la derniere, lorsqu’après l’avoir vuidée & jetté le passement comme inutile, on la renouvelle par un passement neuf pour un autre train de peaux, & que la seconde cuve devient alors la premiere dans l’ordre du travail, & ainsi de suite pour toutes les autres à mesure que l’on traite de nouvelles peaux.

N O, mur d’appui ou de séparation de l’attelier du plamage à la chaux & de celui des passemens. 1, 2, 3, 4, quatre des huit cuves qui servent aux passemens blancs. On voit sur les planches de la troisieme cuve les cuirs qui y sont en retraite. 5, 6, 7, 8, les quatre autres cuves servant aux passemens blancs. Entre les unes & les autres est le passage pour aller à la riviere. D, porte de communication à l’attelier où se fait le travail de riviere. 9, 10, deux des quatre ou six cuves servant aux passemens rouges, les autres n’ayant pas pu être représentées dans cette vignette.

Fig. 1. & 2. Deux ouvriers occupés à relever les cuirs sur les planches de la huitieme cuve, sur lesquelles les cuirs sont pliés en trois; on les laisse ainsi égoutter dans la cuve pendant deux ou trois heures deux fois chaque jour.

Les passemens rouges sont composés d’eau pure & de deux ou trois corbeillées de tan. Les cuirs trempent dans cette composition pendant trois ou quatre jours, au bout desquels on les releve; on les rabat ensuite dans le même passement en ajoutant encore quelques poignées d’écorce pour chaque cuir; trois jours après ils sont en état d’être couchés en fosse.

Bas de la Planche.

Fig. 3. Une peau entiere tannée ouverte dans toute son étendue. On voit sur la queue la marque du boucher par laquelle on peut connoître combien pesoit la peau étant fraîche & sortant de dessus l’animal. Ces marques sont des entailles faites avec un couteau; elles se comptent en allant vers l’extrémité de la queue, le nombre marqué est 77; ce qui fait connoître que cette peau pesoit autant de livres étant fraîche. On voit aux deux côtés de cette peau les différens chiffres au moyen desquels on peut composer tous les autres.

4. Vue perspective d’une fosse pour préparer le jus de tannée dont on se sert au lieu de la liqueur des passemens & dans des cuves semblables pour préparer les cuirs façon de Liege, dits de l’emploi de ce jus cuirs à la jusée.

Pour faire ce jus on remplit une fosse ronde ou quarrée de vieille écorce ou tannée qui a servi à tanner les cuirs; on y verse de l’eau qui se filtre à-travers & descend au fond du puisard A qu’on a eu soin de former avec quelques planches dans un des angles de la fosse. On puise cette eau que l’on reverse sur la tannée jusqu’à ce que par ces filtrations réitérées, elle ait acquis l’acidité nécessaire. La fermentation acide s’établissant dans la tannée à mesure que la qualité styptique s’anéantit, on a alors un jus que l’on met dans des cuves & dans lequel on fait successivement passer