Page:Engel - Traité de la nature, de la culture, et de l'utilité des pommes de terre, 1771.djvu/79

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que cet engrais précieux eſt ſi à charge à la plus grande partie des habitans de ce pays qu'ils le font écouler dans les chemins, pour s'en débaraſſer ; de crainte apparemment que leurs terres, ſouvent ſi ſteriles, n'en ſoyent fécondées, reduits en prez, ou rendus propres aux productions les plus abondantes.

Si l'on veut les ramaſſer dans des reſervoirs; tels que j'ai fait faire, & les mener par boſſettes ſur les terrains qu'on veut améliorer, on en verra l'effet ; il faut pourtant avertir que cet ouvrage doit ſe faire pendant l'hyver, ou, ſi c'eſt en Eté, lorſque la quantité n'eſt pas ſi grande, ſoit parce que les vaches des riches ſont pour la plupart à la montagne, ſoit parce que cet égoût des autres ſe perd avec le fumier ſur les pâturages, il faut le mêler avec de l'eau, & l'y conduire pendant ou avant une pluye; les ſels fertiliſants y font ſi forts, qu'ils bruleroient ſoit l'herbe, ſoit autres productions. c'eſt ſur-tout pour les pommes de terre qu'il faut, ou s'en ſervir pour préparer la terre avant l'hyver, ou délayé avec beaucoup d'eau, pour les en arroſer lorſqu'elles ſont ſorties de terre, avant qu'on les butte pour la premiere fois.

Il y a peu de gens de la campagne qui n'ayent, ſinon une vache, du moins quelque brebis, cochons, chèvres, &c. ; qu'ils ayent donc un ſoin extrême de ces égoûts pour en arroſer les materiaux dans la foſſe ; les eaux des leſſives & autres, qui contiennent des ſels, font très bonnes, & ſi on n'a pas de bétail, qu'on ne néglige point l'urine que l'on peut ramaſſer dans la maiſon.