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Page:Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, 7e et 8e entretiens.djvu/254

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dans ſa maiſon un Peintre comme un domeſtique inutile : le Pouſſin, au lieu de ſe voir occupé à ſon art, ſe trouvoit le plus ſouvent employé à d’autres affaires, ſans avoir le temps d’étudier. Cela le fit réſoudre à s’en retourner. N’ayant pas dequoy faire les frais de ſon voyage, il fut contraint de travailler quelque temps dans la Province pour s’entretenir, taſchant peu à peu à s’approcher de Paris.

Il y a apparence que ce fut dans ce temps-là qu’il fit à Blois dans l’Egliſe des Capucins deux Tableaux qu’on y voit encore, & qu’on connoiſt bien eftre de ſes premiers ouvrages ; & qu’il travailla auſſi dans le Chaſteau de Chiverny où il fit quelques Baccanales. Il revint enfin à Paris, mais ſi fatigué des peines qu’il avoit ſouffertes dans ſon voyage, qu’il tomba malade, & fut obligé d’aller chez ſon pere, & d’y demeurer environ un an à ſe rétablir. Lors qu’il fut entierement gueri il vint à Paris, & alla auſſi dans quelques autres endroits où il continua de peindre, juſqu’à ce qu’enfin pouſſé par le defir violent qu’il avoit d’aller à Rome, il ſe mit en chemin pour exécuter ſon deſſein. Mais il ne paſſa pas Florence, ayanr eſté contraint par quelque accident à revenir ſur ſes pas. Quel-