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Page:Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, 7e et 8e entretiens.djvu/285

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de Thunis, paſſant en Italie, & delà par la ville d’Auſbourg, fut loger chez eux ; que pour luy marquer davantage leur reconnoiſſance & la joye de l’honneur qu’ils recevoient, un jour parmi les magnificences dont ils le régaloient, ils firent mettre ſous la cheminée un fagot de canelle qui eſtoit une marchandiſe de grand prix, & luy ayant montré une promeſſe d’une ſomme tres-conſiderable qu’ils avoient de luy, y mirent le feu, & en allumerent le fagot, qui rendit une odeur & une clarté d’autant plus douce & plus agreable à l’Empereur, qu’il ſe vit quitte d’une dette que ſes affaires d’alors ne luy permettoient pas de payer facilement, & de laquelle ils luy firent preſent de cette maniere aſſez galante.

Or la famille de Fouquieres Peintre n’a jamais eſté en eſtat de faire de ſi grandes liberalitez. Et quant à luy, pour ſouſtenir ſa vanité ſur le fait de la Nobleſſe que le Roy luy avoit accordée, il ſouffroit volontiers toutes ſortes d’incommoditez, aimant mieux ne point travailler, & ne rien gagner, que de n’eſtre pas conſideré comme un Gentilhomme d’un merite extraordinaire. Il eſt vray que pour ce qui regarde ſes Tableaux, il en a fait