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Page:Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, 7e et 8e entretiens.djvu/295

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bé dans les meſmes defauts qu’on avoit faits, & j’aurois paru auſſi ignorant que ceux qui ont travaillé & qui travaillent encore aujourd’huy à pluſieurs ouvrages confiderables, lesquels font bien voir qu’ils ne ſcavent pas que c’eſt contre l’ordre & les exemples que la nature meſme nous fournit, de poſer les choſes plus grandes & plus maſſives aux endroits les plus élevez, & de faire porter aux corps les plus délicats & les plus foibles ce qui eſt le plus peſant & le plus fort. C’eſt cette ignorance groſſiere qui fait que tous les édifices conduits avec ſi peu de ſcience & de jugement, ſemblent patir, s’abbaiſſer, & tomber ſous le faix, au lieu d’eſtre égayez, ſeueltes, & legers, & paroiſtre ſe porter facilement, comme la nature & la raiſon enſeignent à les faire.

Qui eſt celuy qui ne comprendra pas quelle confuſion auroit paru ſi j’avois mis des ornemens dans tous les endroits où les critiques en demandent ; & que ſi ceux que j’ay placez avoient eſté plus grands qu’ils ne ſont, ils ſe feroient voir ſous un plus grand angle, & avec trop de force, & ainſi viendroient à offenſer l’œil, à cauſe principalement que la voûte reçoit une lumiere égale