Aller au contenu

Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cupe que de son cas personnel, étroitement, à courte portée. Et ainsi s’explique qu’on puisse maintenir cet énorme troupeau au seuil du massacre.

— Je lis dans une revue financière le rapport annuel d’une société métallurgique. On s’y félicite du développement des succursales de Gennevilliers, Milan, Moscou. Et je revois la figure de l’un des deux directeurs, mafflu, brutal, vulgaire, un gastéropode, un appétit en marche. Comment de tels individus ne béniraient-ils pas la bonne guerre, indéfinie ? Allons, allons, c’est surtout pour eux qu’il tombe 1.500 jeunes Français par jour. Le reste n’est que de l’orgueil qu’on fouette.

— Le 14. Jean Longuet, député de la Seine, est admis à exposer dans l’Humanité la thèse des socialistes qui veulent aller à Stockholm. Il peut dénoncer dans cet article « la bourgeoisie excitant l’exécrable haine des races, dans la crainte du prolétariat ». On n’a pas, en effet, projeté assez de lumière sur cette vue, sur l’intérêt des dirigeants de noyer le socialisme dans le sang, dans son sang.

— Après l’offensive du 16 avril, on apporte un grand blessé allemand dans un de nos hôpitaux. Il est dans le coma. Un général visite l’hôpital. Il exige qu’il y ait une étiquette à la tête de chaque lit. L’infirmier est fort ennuyé de cet Allemand qui ne peut pas parler, ni fournir de renseignements. Il va falloir expliquer l’absence d’étiquette. Ma foi ! Notre homme en improvise une… il griffonne Fritz, Boche, invente un matricule, jette sur le lit une capote du 317e d’infanterie. Le général passe. L’infirmier dit la gravité de la blessure. Le général ordonne : « Médaille militaire. » Les officiers prennent des notes. La nomination de Fritz Boche figurerait à l’Officiel.

— Autour du Grand-Palais, où l’on traite les