Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

existence. Ils obtinrent que Ribot, après un vif entretien avec Briand, en donnât lecture. Nul ne connaissait le Kurdistan. On l’alla découvrir, sur des cartes, pendant la suspension de séance.

Le député Laval lut une lettre qui fit sensation : il y était question de la rébellion d’une division entière.

— Cent rumeurs colportent les rébellions au front. ici, il s’agit de 300 soldats s’adjugeant des permissions. Là, d’une division, décorée de la fourragère, qui voulut marcher sur Paris et qu’on aurait arrêtée par la persuasion, la cavalerie et la menace. Un général voulait la décimer, mais la manière douce l’aurait emporté ? Soissons est bonde de troupes qu’on tient sous les mitrailleuses.

— Les Allemands, et par conséquent les prisonniers français, n’ont que 230 grammes de pain par jour. Un journaliste demanda que, par représailles, les prisonniers allemands n’aient que ces 230 grammes au lieu de 600. Mais il oublie que cette réduction à 230 grammes est précisément l’effet du blocus des Alliés.

— De la perversion actuelle des mentalités : pendant la guerre, on semble courageux en jetant les autres à la mort. Et on semble lâche en évitant la mort aux autres !… Oui, un général qui ne veut pas sacrifier sa division est obligé de se défendre de l’accusation d’avoir peur ! Il est obligé de faire remarquer qu’il ne court point de risques en donnant un ordre de son poste de commandement.

À l’inverse, on glorifie ceux de ces généraux qui jettent leurs troupes à la boucherie.

Et, chez les non—habillés-en-militaires, on admire les écrivains, les orateurs, qui veulent la guerre sans fin, qui jettent ainsi les pauvres hommes à la tuerie. Et on accable les pacifistes de grands outrages.