Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/114

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Censure a coupé cela. Elle ne veut pas que ce soit une illusion.

— Le 14. À la Chambre, Viviani a eu un accès d’éloquence sur l’Amérique. En dehors de son « jusqu’au bout » chronique, il a accouché d’une nouvelle pensée. Le but de la guerre c’est « que les fils de nos fils ne périssent pas dans de tels conflits ». Il aime mieux que ce soit nos fils, tout droit. Toujours l’ignoble gribouillade.

— Wilson aurait promis à Viviani une Alsace-Lorraine énorme, toute boursouflée de garanties complémentaires, toute farcie de truffes alléchantes. Et Viviani est revenu changé, grisé. La vie lui apparaît nouvelle, depuis qu’il a charmé ce peuple qui ne comprenait pas un mot de ses paroles.

Cet homme, qui est malade, qui se tire avec des excitants de la torpeur où le précipitent les stupéfiants, joue maintenant sa partie avec Poincaré. On croit faire un cauchemar.

— Le 14 au soir, Gheusi m’a assuré qu’on avait exécuté 400 hommes au front, que Pétain eût démissionné si on ne lui avait pas accordé ces exécutions, que Painlevé voulait simplement des déportations.

— Toujours les rébellions. On cite le soldat rebelle qui dit : « Au moins, si on m’exécute, je saurai pourquoi je meurs. » Les soldats du front auraient exigé qu’il n’y eût plus de soldats annamites à Paris pour tirer sur leurs femmes.

— Le professeur L… me dit que le pain à 85 % n’est noir que parce qu’il s’y développe des végétations cryptogamiques, engendrant de la furonculose, des troubles gastriques, et annihilant ses principes nutritifs.

— Au fond, tout pourrait s’arranger, avec des mots : des autonomies pour le sentiment et des tarifs