sifs sur Sarrebruck, en représailles. Le Gouvernement est anxieux.
— Un journal, parlant de la Russie, s’étonne naïvement : « C’est la première fois au monde que la démobilisation précède les conditions de la paix. » Mais tout se passe pour la première fois au monde, dans cette guerre.
— Le 14. Bolo est accusé d’avoir touché 10 millions de Bernstorff, Allemand, par l’entremise du banquier Pavenstedt. Il nie. Il assure qu’il s’agit de millions déposés par la Banque Amsing, d’Anvers, avant la guerre. Son frère a voulu en faire la preuve. Il s’en est prétendu empêché. Le réquisitoire débute ainsi : « Avant de donner satisfaction à l’opinion publique en réclamant contre Bolo la peine de mort… » Ainsi, ce n’est plus la Justice qu’il faut satisfaire, c’est l’opinion…
— Clemenceau expliquait de la sorte les poursuites contre Caillaux à la Commission des Onze : « Il y a une ambiance. » Cette perversion de l’idée de Justice est acceptée par le Parlement.
— Jeanne M…, qui a suivi le procès Bolo, dit que c’est un faiseur, un escroc et non pas un traître ; un inconscient, riant, plaisantant, ne paraissant pas se douter que se joue sa vie. Il ne pleura qu’à la pathétique défense de son frère, Monseigneur Bolo. Tous les journalistes disent, et ce sera la moralité de cette histoire : « Il ne mérite pas d’être fusillé, mais il sera fusillé. » Il est d’ailleurs condamné à mort.
— Je conte à K… l’histoire du vieux commandant qui fait le trottoir du boulevard. Il me dit : « Il y a pire. J’étais avec un commandant de mes amis. Il réprimande un subordonné qui ne le salue pas. Je l’en gourmandai en riant : laisse donc ce pauvre bougre. À quoi mon ami me répondit qu’il était contraint d’agir ainsi ; car il n’existe pas seu-