situent la pièce à Saint-Gobain et indiquent des points de chute : place de la République, gare de l’Est…
— Le 24. La foule du dimanche soir, dans le métro, semble peu soucieuse du bombardement à longue portée. Elle n’en parle guère. On me dit toutefois que ces alertes successives énervent.
— On arrête les personnes qui citent les points de chute des obus ennemis, ou qui colportent les listes de ces points.
— L’instituteur de Serbonnes annonçait pour dimanche une conférence sur « Ce que serait la paix actuelle ». Il a été invité à la faire par l’inspecteur, qui lui a donné comme canevas un article de la Victoire d’Hervé. Ainsi le pouvoir exerce une pression sur la campagne en faveur d’une guerre indéfinie.
— Le bombardement reprend le lundi matin à 7 heures. L’éclatement fait un bruit creux, sec et sonore. L’alerte est donnée au tambour. Le « gardien de la paix », mué en tapin, provoque l’hilarité des gosses, des bonnes et des soldats qui circulent à cette heure matinale. La vie n’est pas troublée. Les ménagères battent leurs tapis, dominant les bruits d’explosion. Tristan me téléphone qu’il n’entend rien « car les Kabyles ont installé un formidable tir de barrage à l’extrémité de sa rue ». Ces Kabyles, chargés de la voirie, font en effet grand bruit avec les boîtes à ordures qu’ils vident dans des tombereaux.
— Une « Ligue civique » charge, en particulier, ses membres de dénoncer et d’arrêter quiconque tient des propos pacifistes.
— Le 25. On arrête le journaliste Rappoport pour propos défaitistes tenus dans une cave pendant un raid. Il a été dénoncé par un répétiteur du Lycée Montaigne.