Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/22

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de les éblouir l’emporte sur la crainte de les inquiéter. Le médecin C… écrit à sa femme qu’il a eu son infirmier décapité à côté de lui dans une tranchée. Cette femme devrait avoir désormais une angoisse accrue ? Quant à ses deux gosses, ils éclatent d’orgueil.

— La guerre à la Paix est admirablement menée. Tous les journaux publient la déclaration du parti socialiste allemand, décidé à la guerre, en disant qu’elle a réuni 251 voix contre 5. Ils omettent les 44 abstentions des minoritaires. Il y a un parti pris général de tricherie.

— Le 28. Déjeuner chez sir Henry Norman, membre du Parlement anglais. Il me montre trois récents numéros du Times. Y figurent les noms des 4.000 gradés et soldats anglais mis hors de combat chaque jour sur la Somme. Chez nous, rien.

Sa femme a vu à Londres, puis à Paris, le film de l’offensive anglaise de la Somme. À Paris, la préfecture a supprimé deux passages : celui où les soldats sortent en riant de la tranchée puis retombent, blessés ou morts ; et celui où l’artillerie passe sur ses propres morts. Toujours notre parti pris de cacher l’horreur de la guerre, de permettre au chauvinisme une jubilation sans remords.

— Les joailliers disent tous qu’ils font des affaires sans précédent. Beaucoup de nouveaux riches, pour échapper aux taxes sur les bénéfices de guerre, les transforment en bijoux. D’autres font de même pour échapper à une banqueroute de l’État, pour donner à tout hasard à leur fortune une forme petite et sûre.

— Tristan raconte le truquage que représente le compte rendu dans les journaux des séances de la Chambre où Brizon, Roux-Costadeau, Raffin-Dugens intervinrent. Briand, cité in-extenso, a l’air de triompher de dangereux imbéciles dont on cite