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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/261

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tieaux, tué en auto, dans une collision avec un camion. Transporté à Meaux, il n’a pas repris connaissance. Il devait quitter le front le 18 octobre prochain, jour de ses 60 ans. On voulait le renvoyer à l’Intérieur dès mai. Lui, si discipliné, protesta, et eut gain de cause. J’ai souvent cité ses lettres. Elles peignent son esprit limpide. Malgré 40 ans de carrière, il avait su rester humain dans l’affreuse tuerie. Le cas est rare. Je perds un ami.

— Les titres des revues de Music-Hall s’inspirent des bombardements nocturnes : « C’est raid ! » ou : « C’est alerte ! »

— Le 26, matin, je prends un express au P.-L.-M. Dans le couloir du wagon, allégresse unanime à la lecture des journaux qui annoncent l’abandon par les Allemands de la rive sud de la Marne. Une phrase court, ardente : « Nous progressons partout. » Un lieutenant français montre à un Américain qu’il ne connaît pas, les titres flamboyants de son journal et lui dit : « C’est bon ! » Un monsieur dit à un capitaine : « Je vous dis qu’ils sont 800.000 dans la nasse. » Le capitaine observe timidement : « Vous êtes sûr ? » L’autre reprend : « 800.000, je vous dis. Pas un de moins. Et on les chopera tous. » Il s’écarte, et d’un doigt décisif, sur la carte du front que donne son journal, il trace la manœuvre : « Tenez. Comme ça, et comme ça. » Le capitaine est convaincu. Il dit : « Il est certain qu’ils prennent la purge. Ils doivent la trouver mauvaise. Mettez-vous à leur place… »

— On publie des communiqués allemands afin de montrer comme ils travestissent l’aveu de leur recul. « Nous avons traversé la rivière à l’insu de l’ennemi… Nous nous sommes repliés sur de meilleures position. » Phrases connues. Le fâcheux, c’est que la publication du communiqué ennemi