Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/268

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La vérité, c’est que, pour ce journaliste, la guerre commence au moment où l’Amérique entre dans le sang.

— Le 6. Foch est nommé maréchal.

— Le 6. Malvy est condamné à cinq ans de bannissement. Il est reconnu innocent des accusations de trahison et complicité de trahison, pour l’examen desquelles la Chambre avait levé l’immunité parlementaire, mais le sénateur Flandin, ancien procureur, a suggéré l’accusation de forfaiture. La Cour s’est déclarée souveraine. La forfaiture l’a emporté par 96 voix contre 86. Il y a une stupeur parmi les républicains. La C. G. T. proteste. Mais la Chambre est en vacances jusqu’en septembre.

— Le 6. Lord Lansdowne dit, dans une nouvelle lettre : « Cette guerre a coûté trop de vies humaines. Ne pourrait-on pas traiter ? » Churchill, ministre anglais de l’Armement, répond : « Nous avons jeté dans la fournaise la fleur de l’humanité. Et ce serait pour traiter à l’amiable ? Non. » Sacrifier les générations actuelles aux générations futures, toujours ! Tant de formidable inconnu nous cache l’avenir ! Cela me paraît de plus en plus stupide et odieux.

— Le 6. Le super-canon. Beaucoup de points de chute vers Vanves. Près de 50 coups dans la journée.

— Le 7. Départ pour la Béchellerie, chez Anatole France. La veille on refusait de louer des places, car le super-canon a provoqué un nouveau flux de départs. Je voyage avec un officier aviateur. Il arrive de Champagne. Les Allemands, dit-il, ont strictement ordonné leur retraite, fixant la date et l’heure où chaque centre de résistance doit céder. Les troupes qui se heurtent à ces centres sont très éprouvées. Celles qui avancent dans les intervalles ne le sont pas. D’où les impressions opposées des lettres de combattants.