Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/279

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joie. Ils dansent, ils chantent, ils courent. Pour eux, c’est la paix.

Mais, dès ce premier jour, immédiatement au-dessous de la sensationnelle information, la « Grande Presse » se réserve, se montre déjà hostile et méfiante. Le Matin dénonce le piège de l’armistice. « Quoi ? On demanderait à nos héroïques soldats de s’arrêter en plein triomphe, de laisser l’Allemand gagner paisiblement sa frontière avec armes et bagages, pour s’y retrancher puissamment ? Il faut que l’Allemagne évacue auparavant toutes les régions envahies, livre l’Alsace-Lorraine… Il ne peut y avoir de négociations sans cette adhésion préalable. » Capus, dans le Figaro, imagine l’avenir « après le refus », qui ne fait pas de doute pour lui. La plupart des journaux ont le même cri : « Qu’ils évacuent d’abord. »

— Le 7. L’hostilité des journaux s’accentue. La presse du 6 au soir est nettement opposée à toute tractation. « Le sang versé aurait coulé en vain… Faudra-t-il signer une paix désastreuse ? » dit le Temps. L’Intransigeant dicte ses conditions, très dures : évacuation, occupation de points stratégiques en Allemagne. Cependant Sembat, dans L’Heure, tout en demandant l’évacuation, voudrait que l’offre d’armistice ne fût pas repoussée dédaigneusement. Car ce refus ferait le jeu de l’Allemagne et galvaniserait ce peuple. Le 7, les journaux font répondre d’avance Wilson. Ils prennent des parcelles de ses discours, les plus agressives, et déclarent : voilà sa réponse. On attaque la personne du prince Max de Bade, le nouveau chancelier, qui annonça la demande d’armistice dans un discours du Reichstag, le 5 octobre. On dévoile sa vie privée. On l’accuse de palinodie en citant une lettre de lui au prince de Hohenlohe, etc. On s’enorgueillit d’accueillir « avec défiance et fierté » la demande de l’ennemi. « Il faut