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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/281

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Roosevelt et le Sénat américain réclament la paix sans conditions. Etc. » Telles sont les citations qu’on sert aux millions de lecteurs du Petit Parisien. La presse française est presque à l’unisson. Seule, la presse socialiste souhaite mezzo voce qu’on réponde et qu’on instaure une diplomatie ouverte.

— Le 8. Visite à Anatole France, à l’hôtel d’Orsay. Il essaye de récolter des opinions. Il a vu chez Calmann-Lévy le plus vieil employé de la maison, un tout petit vieux de 70 ans passés, qui tremblait de la tête aux pieds : « Dites, dites, Monsieur France, on ne va pas faire la paix ? » C’était pour lui le cataclysme ! Et le même jour, la femme d’un confrère — une juive, pourtant, dit France — a crié devant lui : « Oh ! Oh ! Le jour même de mon anniversaire, cette chose abominable, la paix ! »

France ne compte plus que sur la C. G. T. « qui perd toutefois en virulence ce qu’elle gagne en organisation ». Parmi les visiteurs, c’est la même mentalité de guerre sans fin, d’orgueil sans frein.

— Le 9. À midi, paraît la réponse de Wilson, demandant que les troupes allemandes évacuent avant de proposer l’armistice aux Alliés. Tout de suite, deux courants se forment, quant à l’interprétation de cette note : les uns ont compris que les Allemands doivent s’en aller d’eux-mêmes. Les autres comprennent que Wilson veut chasser les Allemands par les armes.

En réalité, ceux qui veulent la poursuite par les armes, d’accord avec leurs journaux, sont majorité. Les uns déclarent : « Il faut tuer du Boche. » Un de ceux qui me donnent cette forte vue a deux fils aux armées ! Comme tout le monde, il oublie nos pertes passées, présentes et futures. Il y a aussi dans ces extrémistes ceux qui veulent des représailles en terre allemande. Certains donnent un but géné-