guerre s’alourdissent. » Tout est là. Et on devine le désespoir grinçant de tant de gens, les sous-traitants d’usines de guerre, les commerçants, tout ceux qui voient tarir la source dorée… Et, je le répète, tous ceux que la guerre arrange, la femme débarrassée du mari… Et enfin, la frénésie de lutte, de coups, de vengeance, qui est dans la créature.
Il y a, au village, des Belges qui devraient vouloir rentrer chez eux bien vite, après quatre ans, et qui devraient souhaiter retrouver leur logis intact. Eh bien, non. Les hommes veulent qu’on reprenne le pays par les armes, fût-il détruit dans cette reprise !…
Et pourtant, c’est affreux, ces suprêmes massacres, où le militaire voit l’occasion de distinctions, d’actions d’éclat, de citations, où le bourgeois voit le gage d’une paix « plus avantageuse ». Et si toutes ces tractations sont truquées, arrangées entre Wilson et les Centraux, quel odieux couronnement de la folie, ces tueries qu’une signature eût épargnées !…
Non. L’effort continue. Chaque jour on jette de nouveaux aliments au brasier de haine. On nous dit que ces armées allemandes, qu’on nous a pourtant montrées démoralisées, dépouillées, désarmées, vont se reformer à la frontière et de nouveau s’affirmer formidables. Qui donc peut croire que, l’armistice signé, des soldats reprendront les armes ?
— Au Ne d’Infanterie, classe 1919, on enseigne aux jeunes soldats :
1o Dans les corps à corps, à placer deux doigts dans les yeux de l’adversaire, afin de les lui enfoncer dans la tête. 2o À tourner la baïonnette, le coup donné, pour que la plaie ne se referme pas. 3o À ouvrir au couteau le ventre de bas en haut. 4o À achever les blessés couchés, un genou sur la poitrine, en relevant la tête d’un coup sec pour briser la colonne vertébrale.