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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/287

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Français et d’Anglais, ont pris l’offensive. Avec des pertes immenses, ils ont réoccupé Roulers, Thourout. Rien ne symbolise mieux la vertigineuse cruauté de ces suprêmes massacres, puisque la restitution et la restauration de la Belgique figurent au premier rang de toutes les offres allemandes.

— Éloigné de Paris par les circonstances, n’y allant qu’à de rares intervalles, je n’arrive pas à démêler les multiples causes du recul allemand. À en croire les journaux, il est dû uniquement à la force des armes de l’Entente. À en croire quelques clairs esprits, à évoquer l’hypothèse des « succès négociables » de Briand, il y aurait une part de consentement dans leur retraite, destinée à donner à l’Entente cette apparence de victoire nécessaire à ce qu’elle consente à la paix. Serait-ce donc l’état intérieur de l’Allemagne, la crainte de la Révolution chez les Hohenzollern qui les amèneraient à ce parti ?

Quand on parle à un paysan de la paix, il vous répond : « On avance. » Le fait d’apparence militaire le frappe d’abord et presque uniquement. À peine s’arrête-t-il aux pourparlers.

— L’atroce mouvement contre la paix s’affirme encore. La Ligue-Civique lance une affiche : « Le Piège. » Pas de pourparlers, pas de compromis, la paix sans conditions, la victoire complète. Pas un mot des morts à éviter. Voilà les gens les plus abominables, qui poussent du fond d’un fauteuil les jeunes hommes au charnier, pour obéir à leurs passions ou leurs intérêts.

Et ce serait comique, si ce n’était pas odieux, ces déments qui, chaque fois qu’il est question d’arrêter le massacre, hurlent : « Non, non, pas de paix, jamais de paix. » On sait qu’ils jetteront le même cri, quoi qu’on leur offre. Car, enfin, savent-ils ce que serait la paix actuelle ?