Un fonctionnaire de l’Instruction Publique, interviewé sur l’opportunité du licenciement des écoles, déclare : « La grippe ne figure pas sur la liste des maladies qui comportent cette mesure. »
Puis, on l’a cachée, censurée. Un moment, il ne fallut pas imprimer le mot même. Les journaux n’en parlent que depuis la mi-octobre, depuis la mort du gendre de Clemenceau. Actuellement, il meurt 50 soldats par semaine dans un seul hôpital de Sens, et 1.200 personnes à Paris. On meurt en quelques jours, parfois en quelques heures, asphyxié. Toutes les lettres de tous les points du pays signalent le fléau. En Bretagne, des familles entières disparaissent ; 500 soldats meurent dans un dépôt. Les ports sont spécialement atteints. À Lyon, on manque de corbillards. Et cela ne hâte pas plus la paix que la mort d’un passereau !
À l’hôpital de Joigny, où mon fils, atteint le 1er septembre, est resté plus d’un mois, de rechutes en complications, entre la vie et la mort, le personnel manque. Le médecin-chef est près de son fils grippé gravement. Le suppléant est au lit avec une pleurésie grippale. Les infirmières sont débordées. Il meurt un homme par heure. Et alors, dans cet affolement, un médecin inspecteur surgit. Il examine le linge réformé, se fait tout étaler, avise une paire de chaussettes et déclare qu’on peut encore la raccommoder.
— Le 23. Northcliffe déclare que l’Entente ne rendra pas les colonies allemandes. Balfour (Affaires Étrangères) fait la même déclaration, dans des termes écœurants d’hypocrisie, salués de longs applaudissements. « Laissera-t-on les communications de l’empire britannique à la merci d’une puissance sourde à la voix de l’humanité et de l’honneur ? La sécurité, l’unité de l’empire sont inconciliables