Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/33

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— J’ai sous les yeux une brochure à l’en-tête du Grand Quartier Général, imprimée par l’Imprimerie Nationale et intitulée l’Usure adverse. Elle a été répandue parmi les officiers du front et doit inspirer leurs conférences aux hommes. Elle explique comment on brisera le front allemand. Et j’y vois cette allégation audacieuse qu’à part quelques fonds de tiroirs, « les Allemands n’ont plus que leur classe 1918 (350.000 hommes) ». Ce chiffre est prodigieusement au-dessous de la vérité. Il y a là une erreur voulue, un moyen frelaté d’entretenir la confiance. C’est, comme dans l’affaire Dreyfus, « le faux patriotique ».

— Jean L…, retour de Verdun, dit qu’au lendemain de la reprise de Douaumont, on entendait des cris dans les profondeurs du fort. C’étaient des Allemands qu’on avait emmurés derrière des sacs à terre et arrosés de pétrole, la veille… Il dit aussi qu’entre officiers, après la reprise de Vaux, on fut fort déçu, car on s’attendait à plus d’enthousiasme dans les journaux. Il est vrai que ces actions n’ont pas, en apparence, ému l’opinion. On n’en parle pas. On a l’air de se défier du sort. Toujours la léthargie.

Le bruit court que le général Pau — amputé du bras droit — serait nommé ministre de la Guerre et s’adjoindrait Roques. « Comme bras droit », dit Mme  X…

— On cite ce permissionnaire, arrivé à l’improviste chez lui, et qui y trouve quinze personnes à dîner, invitées par sa femme : il n’en connaissait aucune.

— Déjeuner chez Victor Margueritte avec Accambray et Jean Hennessy. Accambray raconte que, le 2 septembre 1914, l’ambassadeur des États-Unis et le ministre de Norvège furent chargés par le