Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/48

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et Brizon, dont la lecture à l’Officiel donne l’impression du simple bon sens, la Chambre apparaît, dans sa majorité, aveuglée de chauvinisme, folle d’insensibilité et d’incompréhension.

— Est-ce affreux, cette phrase du Communiqué : « Canonnade habituelle. » On s’est habitué à la mort des autres. Ça peut durer.

— Le 11. On me signale deux « échoppages ». L’un, d’un discours de Bethmann-Hollweg, où il dit que Sarrail sera attaqué sous peu. L’autre de Humbert qui demande que chaque faute soit payée d’une tête. On lui fit mettre : « Soit expiée. »

— Après la Marne, le Kronprinz fit porter par un parlementaire sa photo à Sarrail avec sa dédicace : « À son valeureux et vaillant adversaire. »

— Le 10. Painlevé notifie par lettre à Briand, qui veut « resserrer » son ministère, ses exigences relatives au Haut-Commandement. Il sait que le Gouvernement veut faire de très prochaines offensives pour agir sur l’opinion. Et lui, Painlevé, ne veut pas contresigner ces tentatives faites sous le Haut-Commandement actuel.

— Au début de la guerre, on montra au général L… le communiqué annonçant l’occupation de Lunéville par les Allemands. Le général s’arme d’une règle, la pointe sur une carte murale, la promène en Hollande, en Belgique… Son officier d’ordonnance, d’un geste de pieuse pudeur, lui indique du doigt Lunéville. Et le général : « Mais alors, ils sont en France ! »

— Le mardi 12, dans la matinée, Painlevé refuse encore par téléphone à Briand d’être de son ministère. À 3 heures, il est convoqué à l’Élysée pour y voir Poincaré et Briand. On lui offre la Marine. Il résiste.

Il voulait Roques à la Guerre, Pétain aux Armées, et une refonte totale du Haut-Commandement.