Aller au contenu

Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gêné. Une ouvrière murmure près de moi : « Elle a raison, cette dame. »

— Le 16. Paraît une lettre du Kaiser à Bethmann-Hollweg, du 31 octobre 1916. Toute la presse française en nie la date et la sincérité. En voici des passages : « …les peuples ennemis, en proie à la psychose de la guerre… ne comptent pas d’hommes en situation de prononcer le mot libérateur. Proposer la paix, c’est accomplir un acte moral nécessaire pour libérer l’univers, y compris les neutres, du fardeau qui l’accable. Pour un pareil acte, il faut un souverain qui ait une conscience, responsable devant Dieu, qui ait un cœur pour son pays et ses ennemis, qui veuille libérer le monde de ses souffrances, sans souci de la fausse interprétation qu’on donnera volontairement de ses démarches. J’ai ce courage. Je veux oser cet acte. Préparez tout. »

— Certains aspects de la vie ne sont pas reproduits dans nos illustrés, par orgueil ou pudeur. Ces témoignages graphiques manqueront donc. Exemples : on ne montre pas les intérieurs noyés de pénombre par les restrictions de lumière ; les éventaires à la bougie, dans l’ombre des rues ; les boîtes à ordures qui, faute de personnel, règnent sur le trottoir jusqu’à 3 heures de l’après-midi ; les queues de 3.000 personnes attendant du sucre devant les grandes épiceries. Et, en sens inverse, on n’a pas fixé l’aspect des restaurants débordants, des thés, des théâtres, music-halls, cinémas.

— Un certain usinier empoisonne une rivière en fabriquant des asphyxiants. Plainte des riverains. Le procureur, animé de « l’esprit de guerre », manque à l’antique coutume d’accabler le prévenu. Il raille le plaignant et félicite l’accusé, qui travaille pour la défense nationale, pour la France.

— Nous blaguons la devise Gott mit uns (Dieu