Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/7

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des réformée guéris souhaitaient de garder quelque trace de leur maladie ancienne et murmuraient : « Virus, rends-moi mes lésions. »

— Jean L…, en permission, a fréquenté les cafés-concerts et dit que, partout, l’allusion patriotique est frénétiquement applaudie. Les spectateurs ont le sentiment de sacrifier ainsi à la guerre et de payer leur dette.

— Le 2. À la date anniversaire de l’entrée en guerre, les journaux commémorent, Poincaré pérore, Joffre y va de son ordre du jour. Chacun montre la victoire à l’horizon…

Les Allemands aussi. Ce serait comique si ce n’était pas macabre, ces deux groupes de belligérants qui, dans le même instant, prononcent les mêmes paroles : « Dans cette guerre qui nous a été imposée… »

— Un camp d’Hindous a été investi par des femmes si pressantes qu’il a fallu établir un service d’ordre contre leur enthousiasme.

— À la déclaration de guerre, le sénateur Humbert était fort anxieux. On pouvait l’accuser d’avoir aidé l’agression en dénonçant notre manque de préparation. Au contraire, on pouvait voir en lui un prophète. Pile ou face ? Frappé par la mort de Jaurès, qu’un fou, nourri de feuilles réactionnaires, venait d’assassiner, Humbert alla chez Gastine-Reinette acheter un revolver.

— Les journaux célèbrent un aviateur qui est délibérément entré dans l’avion de son adversaire. Tous deux sont morts. « Tous ses camarades l’envient », dit un article. S’ils poussaient l’envie jusqu’à l’imiter, il n’y aurait donc plus d’aviateurs, ni français ni allemands.

— On sait que le 606 est un sérum contre la syphilis, d’origine allemande. Le chansonnier mont-