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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/90

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à trois rangs de feuilles de chêne. Il distribue des montres aux petits enfants. Sa manche est si constellée d’étoiles qu’un gamin s’écrie : « Mais c’est la Grande Ourse ! »

— Le 14. On annonce un jour sans viande à partir du 25 avril, puis deux jours à partir du 15 mai. La bourgeoisie décide que cela n’a pas d’inconvénient. L’ingénieur K… déclare devant moi que tout Français peut perdre impunément la moitié de son poids.

— Le 16. On veut supprimer les pâtissiers. Ils s’agitent.

— Le 16. On a incorporé la classe 1918. Hervé s’écrie : « Ce qu’ils en feraient un nez, ces bleuets, si leurs anciens remportaient la victoire sans eux ! » C’est le record du bluff. Tels sont les témoignages qui resteront de la guerre, et qui inciteront à de nouvelles guerres, au lieu d’en inspirer l’horreur unanime, si des voix ne protestent pas… Honnêtement, loyalement, n’y a-t-il pas neuf sur dix de ces malheureux enfants qui, hors de la forfanterie et de l’ivresse collectives, souhaitent de n’être pas jetés à l’absurde boucherie ?

— Le 16. Joffre et Viviani s’embarquent pour l’Amérique. Joffre emporte son bâton de Maréchal. On le lui donna ces jours-ci à cet effet.

— On a connu le 17 les premiers résultats de l’offensive, de Vailly à Auberive, engagée le 16 et annoncée depuis si longtemps. Quelque embarras chez les critiques militaires, des allusions à l’effet de surprise manqué, l’absence d’avance sensible, font penser que ce mouvement n’a pas répondu aux espoirs qu’on tendait sur lui. Dès le lundi 16, à minuit, j’ai eu ce pressentiment, sur le coup de téléphone de Tristan m’envoyant les premiers résultats. Les communiqués modestes du 18 confirment