Page:Erauso - Heredia La Nonne alferez.djvu/107

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goza et me couchai sans mot dire. Dès le matin, le corregidor don Pedro de Meneses me vint faire lever et m’emmena. J’entrai à la prison et on me mit aux fers. Au bout d’une heure environ, le Corregidor revint avec un greffier et reçut ma déclaration. J’affirmai ne rien savoir. On passa aux aveux. Je niai. L’acte d’accusation fut dressé, je fus admis à la preuve. Je la fis. La publication faite, je vis des témoins que je ne connaissais aucunement. Sentence de mort fut rendue. J’en appelai. Ce nonobstant on ordonna d’exécuter. J’étais fort affligé. Un moine entra pour me confesser, je m’y refusai ; il s’obstina, je tins bon. Il se mit à pleuvoir des moines. J’en étais submergé, mais j’étais devenu un vrai Luther. Enfin, ils me vêtirent d’un habit de taffetas et me hissèrent sur un cheval, le Corregidor ayant répondu à leurs instances que si je voulais aller en enfer cela ne le regardait point. On me tira de la prison,