Page:Erauso - Heredia La Nonne alferez.djvu/78

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Je reconnus des chrétiens et vis le ciel ouvert. Je leur dis que j’étais égaré je ne savais où, rendu et mort de faim, et sans forces pour me lever. Ils eurent pitié, mirent pied à terre, me donnèrent à manger de ce qu’ils avaient, me montèrent sur un cheval et me menèrent à une ferme, à trois lieues de là, où, dirent-ils, était leur maîtresse. Nous y arrivâmes vers les cinq heures du soir.

La dame était une métisse fille d’Espagnol et d’Indienne, veuve, bonne femme, qui me voyant et apprenant mon désarroi et ma détresse, s’apitoya et m’accueillit bien. Toute compatissante, elle me fit aussitôt coucher dans un bon lit, me servit un bon souper et me laissa reposer et dormir, ce qui me restaura. Le lendemain matin, elle me fit bien déjeuner et, me voyant totalement dépourvu, me donna un bon habit de drap. Elle continua à me traiter de son mieux et à me régaler à merveille. Elle