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Page:Erckmann–Chatrian — Histoire d’un paysan.djvu/177

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Histoire d’un paysan.

« Oh ! que ta voix est belle et forte, Micher ! que tu chantes bien ! » (Page 186.)
« Oh ! que ta voix est belle et forte, Micher ! que tu chantes bien ! » (Page 186.)

Létumier et tous les sous-officiers de la compagnie se trouvaient alors aux champs. Je m’en désolai ; aujourd’hui j’en ris : car bien des milliers d’autres patriotes gardaient la route de Paris à Strasbourg, et ce n’est pas celle-là que Louis XVI devait prendre ; celle de Belgique ou celle de Metz était bien plus courte. Voilà des idées de jeunesse !

Dans tous les cas, les gens étaient d’accord que le roi allait rejoindre nos ennemis et que nous ne pouvions plus tarder d’être envahis. C’était tellement dans l’esprit de la nation, que l’Assemblée nationale elle-même n’avait pas le moindre doute sur ce point, et que le lendemain matin, 25 jun, ce décret se voyait affiché partout, à la porte des églises et des mairies, et même à l’intérieur des auberges, contre un

mur, pour que tous les patriotes fussent prêts au rappel. C’est maître Jean lui-même qui vint de Pickeholtz l’afficher dans la grande salle des Trois-Pigeons, en criant contre le roi d’une manière terrible et le traitant de cafard.

« 21 juin 1792.

« L’assemblée nationale décrète :

« Art. 1er. La garde nationale de tout le royaume sera mise en activité.

« Art. 2. Les départements du Nord, du Pas-de-Calais, du Jura, du Haut et du Bas-Rhin et tous les départements situés sur les frontières d’Allemagne, fourniront un nombre d’hommes aussi considérable que leur situation le permettra.

« Art. 3. Les autres départements fourniront chacun de deux à trois mille hommes.