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Histoire d’un paysan.

« À mort ! le renégat. » (Page 199.)
« À mort ! le renégat. » (Page 199.)

tout pâle de satisfaction. Il marquait la mesure, en tapant sur la table avec le manche de son couteau, et criant de temps en temps d’un air ironique :

« Courage, Létumier !… Vous y êtes… c’est ça !… Maître Jean, en avant ! hardi !… À la bonne heure ! Président Raphaël, vous faites des progrès ! »

C’est là qu’on voyait sa malice ; c’était bien celui qui nous écrivait qu’il aurait dû venir au monde à Paris.

Et maintenant, si vous voulez savoir quelle était cette danse et cette chanson apportées chez nous pour la première fois par le cousin Maurice Brunet, je vous dirai que c’était la fameuse Carmagnole, dont tout le monde doit avoir entendu parler depuis ; cette danse que les Pari-

siens

dansèrent plus tard sur la place de la Révolution et même en marchant sur les canons des ennemis.

Dansons la carmagnole,
Vive le son, vive le son,
Dansons la carmagnole,
Vive le son du canon.

Toute la révolution était dans cette carmagnole ; on y ajoutait un couplet chaque fois qu’il arrivait quelque chose de nouveau ; les anciens couplets s’oubliaient et les derniers faisaient rire le monde.

Enfin, ce jour-là, je crois qu’il devait bien Être dix heures lorsque Chauvel, voyant que las patriotes n’en pouvaient plus, et qu’ils venaient de se rasseoir pour se rafraîchir avec du vin chaud, s’écria :