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Page:Erckmann–Chatrian — Histoire d’un paysan.djvu/224

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Histoire d’un paysan.

« Allons, enfants de la patrie ! » (Page 214.)
« Allons, enfants de la patrie ! » (Page 214.)

soldats de Châteaux-Vieux ; ils avaient juré de mourir jusqu’au dernier, plutôt que de rendre la citadelle ; et ces braves gens ont tenu parole, pendant que leur bourreau, M. le marquis de Bouillé, montrait le chemin de la France aux Prussiens.

On nous fit à Bitche notre première distribution, et nous repartîmes de là jusqu’au camp de Rixheim, entre Wissembourg et Landau.

Il fallut marcher tout ce jour sans relâche au soleil ; car nous avions dépassé les bois, et seulement de loin en loin on trouvait un peu d’ombre le long des vergers. Bien d’autres détachements à pied et à cheval, à droite et à gauche, devant et derrière, suivaient la même direction.

Les files de voitures qui conduisaient des vins et des munitions ne manquaient pas non plus, on ne voyait que cela ; mais quelle poussière, et qu’on aurait été content de recevoir une bonne averse comme la veille !

Nous arrivâmes à lixheim sur les neuf heures du soir, et nous trouvâmes le cantonnement dans la joie : un premier engagement de cavalerie venait d’avoir lieu le matin, nos dragons nationaux avaient culbuté les Ébenhussards et les dragons de Lubgowitz, conduits par des officiers émigrés, et qui voulaient couper un convoi de vivres en route pour Landau. Cette affaire avait été chaude. Custine commandait la charge.

Mais dans le village de Rixheim, les gens parlaient surtout avec attendrissement d’un