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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/142

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L’AMI FRITZ.

aller ensemble, je descends à la cave chercher une bouteille de forstheimer. »

Il sortait son trousseau à la main, quand une idée le fit revenir ; il demanda :

« Et la recette ?

— Je l’ai dans ma poche, monsieur.

— Eh bien, il ne faut pas la perdre ; donne que je la mette dans le secrétaire ; nous serons contents de la retrouver. »

Et, déployant le papier, il se mit à le relire.

« C’est qu’elle écrit joliment bien, fit-il ; une écriture ronde, comme moulée ! Elle est extraordinaire, cette petite Sûzel, sais-tu ?

— Oui, monsieur, elle est pleine d’esprit. Si vous l’entendiez à la cuisine, quand elle vient, elle a toujours quelque chose pour vous faire rire.

— Tiens ! tiens ! moi qui la croyais un peu triste.

— Triste ! ah bien oui !

— Et qu’est-ce qu’elle dit donc ? demanda Kobus, dont la large figure s’épatait d’aise, en pensant que la petite était gaie.

— Qu’est-ce que je sais ? Rien que d’avoir passé sur la place, elle a tout vu, et elle vous raconte la mine de chacun, mais d’un air si drôle…

— Je parie qu’elle s’est aussi moquée de moi, s’écria Fritz.