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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/178

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L’AMI FRITZ.

papillons qui se poursuivent, de véritables enfantillages, des choses qui n’ont pas le sens commun ! Et je songe à Sûzel, je radote en moi-même, je me trouve malheureux, quand rien ne me manque, quand je mange bien et que je bois bien ! Allons, allons, Fritz, c’est trop fort ; secoue cela, fais-toi donc une raison ! »

C’est comme s’il avait voulu raisonner contre la goutte et le mal de dents.

Le pire de tout, quand il marchait ainsi dans les petits sentiers, c’est qu’il lui semblait entendre le vieux David nasiller à son oreille : « Hé ! Kobus, il faut y passer… tu feras comme les autres… Hé ! hé ! hé ! Je te le dis, Fritz, ton heure est proche ! — Que le diable t’emporte ! » pensait-il.

Mais, d’autres fois, avec une résignation douloureuse et mélancolique :

« Peut-être, Fritz, se disait-il en lui-même, peut-être qu’à tout prendre les hommes sont faits pour se marier… puisque tout le monde se marie. Des gens mal intentionnés, poussant les choses encore plus loin, pourraient même soutenir que les vieux garçons ne sont pas les sages, mais au contraire les fous de la création, et qu’en y regardant de près, ils se comportent comme les frelons de la ruche. »