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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/230

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L’AMI FRITZ.

Et lui, riant, répétait :

« Oui, le voilà ! ha ! ha ! ha ! »

Il entrait dans les bancs et donnait des poignées de main à tous ses vieux camarades.

Durant les huit jours qui venaient de se passer, on se demandait partout :

« Qu’est-il devenu ? quand le reverrons-nous ? »

Et le vieux Krautheimer se désolait, car toutes ses pratiques trouvaient la bière mauvaise.

Enfin, il s’assit au milieu de la jubilation universelle, et fit asseoir le père Christel à sa droite. David alla regarder Frédéric Schoultz, le gros Hâan, Speck et cinq ou six autres qui faisaient une partie de rams à deux kreutzer la marque.

On se mit à boire de cette fameuse bière de mars, qui vous monte au nez comme le vin de Champagne. En face, à la brasserie des Deux-Clefs, les hussards de Frédéric-Wilhelm buvaient de la bière en cruchons, les bouchons partaient comme des coups de pistolet ; on se saluait d’un côté de la rue à l’autre, car les bourgeois de Hunebourg sont toujours bien avec les militaires, sans frayer pourtant ensemble ? ni les recevoir dans leurs familles, chose toujours dangereuse.

À chaque instant le père Christel disait :

« Il est temps que je parte, monsieur Kobus ;